fantôme de soi écrivain

Il est rapporté qu’Eva Rafelson aimait se tenir à l’écart du monde et qu’elle s’occupait de peinture le matin, une tasse de café ne suffisant pas à la réconcilier avec le réel. Sitôt réveillée, elle se réfugiait dans un cabanon transformé en atelier à la lisière des saules et s’emparait de ses pinceaux. Il lui …

c’était tout de même flagrant

Tu ne t’es jamais rendu compte de rien pendant toutes ces années ? Absolument rien ? Non mais tu plaisantes, c’était tout de même flagrant : ce retrait, cette froideur, ce mouvement de la main comme si elle avait voulu repousser une ombre, un fantôme qui lui aurait collé à la peau. Je ne sais …

tout Mauvignier en une seule phrase

une seule phrase qui assaille, tourne autour de la déchirure… au téléphone on lui a dit qu’il fallait faire vite, qu’il y avait eu un accident — ah bon un accident ? — en fait elle n’a pas tout compris (on lui parlait en anglais et il y avait de la friture sur la ligne) …

dans le métro ce matin

Ça roule ça oscille, bras tendus accrochés ferme au bâtiment qui tremble dans l’accélération, mais il essaie de tenir bon même si l’oppression le gagne, sueur perlant sur son front malgré le frais de la saison — plus fraîche que la normale ils ont dit —, pourtant il est en sueur, il a du mal à supporter. …

la douceur des morts

Je rentre d’un voyage en Bretagne, le premier depuis le décès de mon père. Impressions, survivances qui rejoignent d’autres expériences… Lors de ce dernier voyage, j’ai revu l’escalier un escalier de rien du tout, quelques marches comme je l’ai récemment décrit, faciles à franchir, franchement pas de quoi tomber — sans doute que le sol …

en ce moment

Au jardin ça pousse l’air de rien, partout ça sort, ces bulbes enfouis en terre à l’automne ont fait émerger des choses fragiles et veloutées. Fraîches. Si fraîches qu’on croit à une illusion d’optique, contours doucement renflés comme de la chair vivante. De même la couleur. Improbable. Accouplement d’une pâleur, d’un rose aurore et d’une …

Janina

Encore une fois de la peine. Et l’impuissance à comprendre. On est là dans la cuisine à se faire une tasse de thé ou une bricole à manger, il fait froid ou beau dehors, on a le projet de sortir pour une course ou une promenade, et c’est là qu’on reçoit un message ou un …

lieux occupés

Certains lieux comptent plus que d’autres au cours d’une vie d’homme. La maison d’enfance par exemple. Peu importe son aspect ou la nature de son jardin. Avec ou sans cabanon. Borné de grillage ou de haies. C’est là qu’une certaine géographie du paysage a commencé à s’inscrire dans le corps et dans la mémoire. Une …

lettre à mon père

Cher petit papa, Voici la dernière lettre que je t’écris pour t’accompagner dans ton voyage au-delà des frontières. Les souvenirs affluent en moi, déjà. Ils me poignardent, en même temps secouent la vie et l’amour que j’ai toujours eu pour toi. Je me souviens. Je me souviens de la fête au village. Nous glissions en …

coin du feu

Hier matin. Ouvrant les yeux. On ne voit pas le jour comme d’habitude qui filtre entre les rideaux. On sent quelque chose de différent. Le réveil n’indique plus l’heure. Grand silence en dehors de la rumeur de rivière. Il y a que la neige est tombée en abondance depuis le milieu de la nuit.  Dix …

Vases Communicants avec Dominique Hasselmann | décembre 2016

Les Vases communicants se déroulent le premier vendredi du mois depuis juillet 2009, à l’initiative de François Bon et Jérôme Denis. Marie-Noëlle Bertrand coordonne les publications et stimule les échanges sur le blog associé le rendez-vous des Vases. Il existe aussi une page Facebook. Aux blogueurs de se rencontrer à leur façon, de définir un …

vers l’horizon perdu [1/2]

Ce texte a été écrit dans le cadre des Vases Communicants en liaison avec celui de Dominique Hasselmann qu’on peut retrouver ici. il sortait en général avant la tombée de la nuit — sans doute qu’il n’aimait pas le soleil —, il sortait de l’immeuble et se faufilait dans le flot des voitures et des …

bureau

Être réelle, écarquillée le plus possible quand je séjourne dans ce lieu où l’écriture arrive, se fabrique. Quelquefois rien du tout. Ou pas grand-chose. Quelques lignes. C’est difficile d’avancer. Avancer pour soi – un ami le disait il y a peu. Bureau peint en rouge, construit exprès pour la pièce ouverte sur la vallée. Pareille …

Vases communicants de septembre, avec Marie-Christine Grimard

Premier vendredi de septembre. Période caniculaire. On a besoin de frais, d’océan . Et c’est Marie-Christine Grimard que j’accueille dans ma page. Son blog s’appelle Promenades en ailleurs. Marie-Christine aime ressentir et donner à ressentir. Elle aime photographier. « Elle aime avancer tout droit, seule sous le vent. » Nous avons le même goût des paysages de …

après la pluie

La pluie d’hier était douce et bienfaisante après des jours de brûlure. Le jardin semblait s’ouvrir. Envie de saisir l’instant avec les moyens du bord. Au plus simple. Saisir ce qui était là au dehors près de moi. Perles au creux des feuilles, corolles vives, formes multiples. Ne pas se demander comment faire pour renforcer …

existence soudain fragmentée

Ce te texte a été publié le 5 août 2016 sur le blog de Marie-Noëlle Bertrand dans le cadre des Vases Communicants. Nuit jour. Dedans dehors. Corps agissant, résonnant, travaillant, pleurant, communiquant, dormant, se taisant. Les murs sont des frontières entre le ciel illimité et la chambre où ils vivent. C’est la matière qui les …

Vases communicants d’août, avec Marie-Noëlle Bertrand

Premier vendredi d’août. Je reçois Marie-Noëlle Bertrand sur Terrain fragile. Avec joie. Les Vases Communicants ont suscité notre rencontre. Marie-Noëlle est blogueuse depuis 2010. Son blog : La Dilettante Elle se définit comme passeuse de l’écriture des autres. Elle sème des fragments de textes, isolés ou combinés. Aussi des sons et des photographies. Elle partage …