carnet d’installation | 17 mars 2023
Écrire, un travail si long dans le temps et jamais achevé, un travail qui puise dans le fond du fond, un travail ingrat rarement récompensé. Autant dire trimer quêter fouailler pour justifier son existence sans attendre de retour, et quand ce retour vient, l’accueillir comme une grâce.
Il y a quelques jours quelqu’un de proche me parlait de mon travail, disait « qu’il répandait de la clarté sur ce qui nous entoure et nous advient ». Je retiens le mot clarté, aimerais tellement que ce soit vrai. Épurer la langue jusqu’à ce que survivent le sens et la lumière, voilà ce qui me préoccupe le plus. J’essaie aussi de mieux savoir où et dans quelle posture je me tiens, ce qui se livre de la solitude, de la matière qui gronde dans le ravin, matière noire de la chair, indéfinissable.
écriture balbutiante, éparpillée, interrompue, dont les jambages plient devant un accident minuscule, une pierre disjointe, un remous de l’eau du torrent
il répond ou récrit comme on transplante dans un sol ancien (Le corps clairvoyant, Jacques Dupin 1963-1982)
La neige tombée en février a laissé trace dans la mémoire de son extrême beauté. L’écriture pourrait se rapprocher de cette trace.