tout un été d’écriture #22 | première cuisine

Sans doute que l’entrée dans la pièce depuis le jardin se faisait par un petit escalier mal fichu – modifié par la suite. Une pièce où tout aurait dû être pensé pour ce soit pratique, en fait seulement conçue au fur et à mesure de l’évolution des besoins et de l’agrandissement de la famille, en …

tout un été d’écriture #21 | lanterne magique

Juste le matin. Espace encore frais, désordre des livres  à droite à gauche. Noter le feuilleté blanc des tranches, parfois jauni et taché, traits de crayon ou de stylo en travers, marque-pages froissés qui dépassent. Glisser d’une couverture à l’autre. Ne retenir que les couleurs : orange Verdier, noir et blanc des feuilles d’acacia sur poche …

tout un été d’écriture #20 | sans vous

Juste la nuit… et personne pour entendre le temps couler, les respirations de la matière, du bitume, de la pierre, des tiges de fer dans le béton, des poutres en place depuis trois siècles, l’espace noir du rez-de-chaussée voûté sous l’appartement, jadis cave à vin et remise pour tracteur et tout ce qu’il fallait pour …

tout un été d’écriture #19 | lancer de ballon

Cette lumière qui glissait depuis la terrasse jusqu’à la chambre – chambre avec lit sans sommier, posé directement sur le sol, poignée de coquillages et livre au chevet –, cette lumière forte venant du dehors mais atténuée par la présence végétale, elle fait partie d’elle… cette lumière, la même qu’elle avait ressentie dans une cabane …

tout un été d’écriture #18 | bégayer

il lui avait rapporté un bracelet en argent (elle l’a toujours, il y a juste la goupille qui ne tient plus très bien), ensuite plus rienc’est terrible, plus rien, le vide le néant… en fait elle n’est plus très sûre, peut-être qu’il lui avait envoyé le bracelet dans un colis avec de l’encens qui avait …

tout un été d’écriture #17 | notion d’obstacle

[attendre de savoir ce qui va revenir de l’arrière, ce qui va remonter de la mémoire qui brûle d’instants graves — obstacles, fissures, échardes, incidents, anicroches qui ont enrayé le mécanisme du présent — avec la curiosité qui pousse à explorer cette masse effrayante de temps pareille à l’océan en tourmente] par exemple elle avait …

tout un été d’écriture #15 | le je qui tu

tu m’as demandé une cigarette, c’est bien ça ? pour partager moi et ma copine, c’est ce que tu as dit… comme s’il ne suffisait pas d’une seule à se ruiner la santé… comme si c’était un argument suffisant pour que je cède — au cas où j’en aurais sur moi, des cigarettes –, parce que …

tout un été d’écriture #13 & #14 | en attente & silhouettes

deux épisodes du cycle 2 :  FLOTTEMENTS, RENVERSES en attente Attendre dans les jardins du haut de la ville, ne rien faire, s’assoir, regarder la ville répandue autour. Peut-être qu’on n’a jamais pris le temps de le faire avant. Peut-être qu’on n’a jamais remarqué qu’il était possible d’observer tous les points de l’horizon depuis ces …

tout un été d’écriture #12 | intérieurs extérieurs

atelier d’été de François Bon « CONSTRUIRE UNE VILLE AVEC DES MOTS » : cycle 2 FLOTTEMENTS, RENVERSES Pour remonter vers le haut de la ville, le plus commode est d’emprunter la rue principale – celle qui relie la grande place et les jardins à la française qui couronnent la bordure ouest –, devenue piétonne dans les …

tout un été d’écriture #11 | lieu non lieu

atelier d’été de François Bon « CONSTRUIRE UNE VILLE AVEC DES MOTS » : après un cycle d’ouverture  » UN RETOUR », débute ici le cycle 2 intitulé FLOTTEMENTS, RENVERSES Tout près, dans une rue du vieux centre, une vitrine pas bien large, pas bien alléchante vue comme ça. Rien que pour les connaisseurs, les amateurs de papier, …

tout un été d’écriture #10 | compte triple

La ville étrangère – une parmi d’autres — revient au premier plan, solidement attachée à l’appartement, lieu de repli bienheureux après le voyage (plusieurs allers et retours en peu de temps vers l’Orient tant elle était fascinée). Les lieux se superposent et se connectent dans les mémoires : c’est là que la vie se crée, bien …

tout un été d’écriture #09 | la bande-son

Retour dans la chambre avec grande fenêtre en prise directe avec la ruelle  (la ville, l’extérieur), reliée tout de suite à la cuisine puis à la terrasse quand la porte est ouverte, un lieu qui domine la terre des jardins confinés entre deux rangées de bâtiments, invisibles (le monde privé, l’intérieur). Le corps abandonné sur …

tout un été d’écriture #07 | là tout près mais…

Finalement elle va y retourner pour de vrai (pour le moment rien que visites virtuelles ou imaginaires), elle vient de le décider, elle en a envie, elle croit que oui, poussée par la curiosité de ce qui pourrait arriver si elle y retournait, en même temps retenue par la peur d’être déçue, désorientée, par la …

la photo de rue, c’est du jazz !

Ce dernier samedi, j’ai suivi un atelier photo proposé par Philippe Castelneau, ami écrivain photographe, dans le cadre d’un événement autour de la revue La Piscine (en savoir plus ici). Envie d’apprendre toujours… Mais c’était difficile de jongler entre ouverture, vitesse et sensibilité ! Trop difficile, il faudra du temps. Pour le moment, juste laisser …

vers un écrire-film #02 – fleuve noir

Je ne sais pas comment ça se passe, comment ça vient, je pourrais dire que ça prend source dans le corps comme une lumière, une image, une couleur, un mouvement infime dans le tissu du corps silencieux, un mouvement réfugié depuis longtemps dans les cellules (cellules issues de la lignée des bêtes sorties de l’eau …

vers un écrire-film, #02 : J’ai trois souvenirs de films

#Sainte-Marie-sur-mer #1966 Le cinéma, c’était rare. Quelquefois le dimanche, des films tout public projetés dans la salle du patronage qui passaient longtemps après leur sortie mais ça n’avait pas d’importance. Le plancher descendait en pente douce vers une scène qui servait pour les représentations théâtrales. Au fond, le grand écran blanc. Appliques sur les côtés …

vers un écrire-film, #01 Règlement de compte

Un boulevard désert dans une banlieue américaine, de ces banlieues où  n’habitent que des gens aisés qui se paient des milices pour prévenir les intrusions et maintenir l’ordre. L’image fixe proviendrait d’une caméra de surveillance fixée en hauteur sur un bâtiment ou un lampadaire, ce qui procure une perspective plongeante. Toute la scène sera envisagée …

fantôme de soi écrivain

Il est rapporté qu’Eva Rafelson aimait se tenir à l’écart du monde et qu’elle s’occupait de peinture le matin, une tasse de café ne suffisant pas à la réconcilier avec le réel. Sitôt réveillée, elle se réfugiait dans un cabanon transformé en atelier à la lisière des saules et s’emparait de ses pinceaux. Il lui …

c’était tout de même flagrant

Tu ne t’es jamais rendu compte de rien pendant toutes ces années ? Absolument rien ? Non mais tu plaisantes, c’était tout de même flagrant : ce retrait, cette froideur, ce mouvement de la main comme si elle avait voulu repousser une ombre, un fantôme qui lui aurait collé à la peau. Je ne sais …

tout Mauvignier en une seule phrase

une seule phrase qui assaille, tourne autour de la déchirure… au téléphone on lui a dit qu’il fallait faire vite, qu’il y avait eu un accident — ah bon un accident ? — en fait elle n’a pas tout compris (on lui parlait en anglais et il y avait de la friture sur la ligne) …

vers l’horizon perdu [1/2]

Ce texte a été écrit dans le cadre des Vases Communicants en liaison avec celui de Dominique Hasselmann qu’on peut retrouver ici. il sortait en général avant la tombée de la nuit — sans doute qu’il n’aimait pas le soleil —, il sortait de l’immeuble et se faufilait dans le flot des voitures et des …

bureau

Être réelle, écarquillée le plus possible quand je séjourne dans ce lieu où l’écriture arrive, se fabrique. Quelquefois rien du tout. Ou pas grand-chose. Quelques lignes. C’est difficile d’avancer. Avancer pour soi – un ami le disait il y a peu. Bureau peint en rouge, construit exprès pour la pièce ouverte sur la vallée. Pareille …

Libre et paisible

« L’art de création exige la liberté et la paix. Aucune roue ne doit grincer, aucune lumière vaciller. Les rideaux doivent être bien tirés. L’écrivain, pensais-je, une fois que son expérience est terminée, doit pouvoir s’abandonner et laisser son esprit célébrer ses noces dans l’obscurité. Il ne faut pas qu’il regarde ce qui se passe …