carnet d’installation | 17 mars 2023

Écrire, un travail si long dans le temps et jamais achevé, un travail qui puise dans le fond du fond, un travail ingrat rarement récompensé. Autant dire trimer quêter fouailler pour justifier son existence sans attendre de retour, et quand ce retour vient, l’accueillir comme une grâce.

Il y a quelques jours quelqu’un de proche me parlait de mon travail, disait « qu’il répandait de la clarté sur ce qui nous entoure et nous advient ». Je retiens le mot clarté, aimerais tellement que ce soit vrai. Épurer la langue jusqu’à ce que survivent le sens et la lumière, voilà ce qui me préoccupe le plus. J’essaie aussi de mieux savoir où et dans quelle posture je me tiens, ce qui se livre de la solitude, de la matière qui gronde dans le ravin, matière noire de la chair, indéfinissable.

écriture balbutiante, éparpillée, interrompue, dont les jambages plient devant un accident minuscule, une pierre disjointe, un remous de l’eau du torrent

il répond ou récrit comme on transplante dans un sol ancien

(Le corps clairvoyant, Jacques Dupin 1963-1982)

La neige tombée en février a laissé trace dans la mémoire de son extrême beauté. L’écriture pourrait se rapprocher de cette trace.

Photographie Françoise Renaud© – 2023

4 commentaires

  1. Marie - Claude Morote

    Ton rapport à l’écriture, à l’exigence qui te travaille pour le rendu te convenant, quelle qu’en soit la reconnaissance de l’autre t’appartient complètement. C’ est ton sang qui se pause sur le papier. Les plus sensibles qui te lisent le sentent. Pas de tricherie, pas de filtre .
    D’autres posent les mots sur des partitions différentes selon ce qui les traverse..
    J’aime beaucoup te lire. Tu emmènes toujours à l’endroit qui fait vibrer le cœur… Merci

  2. Brando Alibert Jocelyne

    J’aime beaucoup te lire et pouvoir te suivre ainsi, toi qui n’es plus auprès de moi ❗merci pour tes partages qui me donnent l’impression que tu n’es pas loin.

  3. Giner Nathalie

    Merci Françoise pour tes beaux textes qui nous permettent d’être toujours auprès de toi et de pouvoir continuer de te lire.

  4. Jacqueline Vincent

    La recherche du mot juste est exigeante mais bien sûr ne suffit pas pour transmettre une émotion. Le talent de l’Ecrivain(e) se cache au creux d’un silence, d’une image, qui s’étendent en ondes concentriques à la surface de notre peau avant de toucher le coeur comme un cri viscéral venu de loin :
    De Toi à Nous – UNE EVIDENCE.

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