Beaucoup parlent d’automne à la radio, dans les publicités. En fait rien qu’une histoire de date (on est le 23 septembre) mais je ne le vois pas encore dans le paysage. Le temps a juste commencé à changer avec la pluie ces deux derniers jours, un épisode méditerranéen bien maigre, proposant une pluie fine et de la brume faufilée entre les montagnes, pas de grands sauts tombant du ciel capables de régénérer la rivière, alors rien n’a vraiment changé sauf le soupir des arbres et le souffle de l’eau un peu plus présent… les couleurs elles viendront s’emparer des parties végétales, bientôt, jusqu’à les précipiter sur la terre. Je vais les guetter comme à l’affût de moi-même en cette période tourmentée de cauchemars. Les figures de mon passé sont toujours présentes et d’ailleurs je les sollicite, tentant de comprendre, d’écrire les vrais mots qui pourraient délivrer. Dans un rêve récent, j’ai contribué à assassiner mon père et c’était quelque chose d’atroce. Parfois on peut en venir aux mains, facilement Et puis tout s’apaise. La promenade solitaire soulage la tension. Un papillon majestueux dont je ne connais pas l’espèce, est venu hier se poser près de moi, comme une manifestation d’un monde en lisière. On voudrait être protégé, c’est vrai, demeurer à l’abri dans la tanière vivante aux odeurs de feu et de soupe, écrire, demeurer seul mais pas tout à fait seul. Juste un récit à venir qu’on a sous la peau et qui sourd comme une sueur.
Photographies françoise renaud, 23 septembre 2019
Je ne verrai plus l’automne de la même façon, tes mots m’offrent une optique supplémentaire qui s’ajoutera à l’impression , pas toujours agréable, que j’avais de l’automne. Pour les cauchemars je t’emboîte le pas mais j’irai me promener en solitaire pour me ressourcer et jeter un nouveau regard sur la nouvelle saison qui s’annonce.
Lors d’un récent séjour en Auvergne j’ai vu que l’automne s’était bien prématurément installé, les arbres souffrent, les feuilles tombent ou s’accrochent jaunies, flétries, l’herbe est filasse sans doute indigeste, la rivière devient chemin, la cascade est sèche triste à mourir disent les paysans.
De l’eau disent-ils… de l’eau… dans leur cauchemar.
Les petits jours de l’automne qui mènent à la mélancolie de l’âme se reflètent dans une nature qui se dénude et qui nous renvoie à la source des maux et des mots. La Poésie sans l’Automne ne serait pas aussi précieuse et pour moi, l’automne reste ma saison préférée aux ors flamboyants… et aux petits matins gris. Jacqueline.
Ce qui sourd de ce texte , chère Françoise, c’est un énorme besoin de réconfort ! La nature de tes tourments demeure obsédante et te fait du mal, la quête de réponses impossibles, via l’écriture en cours, te maintient dans un inconfort proche du malaise … et même la nature environnante, à laquelle tu es si sensible, te déçoit presque : une pluie sans envergure, en lieu et place de l’épisode cévenole annoncé, dans la violence duquel tu aurais pu reconnaître celle qui gronde en toi et que traduisent tes cauchemars.. des feuilles qui tardent à jaunir…un papillon amical qui t’effleure mais déjà repart…
L’écriture de ce texte, comme la déambulation solitaire, a sans doute contribué à t’apaiser un peu, dans l’exercice de la chose exprimée…donc partagée.
Nous entendons le tourment dont tu voudrais t’affranchir et qui te plombe. Tu l’affrontes avec courage, il te faut encore, je crois, trouver en toi la bienveillance nécessaire qui, seule, te conduira à tourner dans la sérénité la page sur cette période. Alors, l’automne, avec ses couleurs retrouvées, te sera souriant. Je t’embrasse.