Vous livrer ici un fragment de mon travail en chantier. Une sorte de dialogue sans mots entre guillemets, mais dialogue quand même.
Alors que Waralin le survivant et Riks le jeune fomentent un projet important pour l’avenir des clans, l’enfant Doria les surprend et les observe.
L’enfant Doria — fille de Mermel — a franchi les remparts, elle cherche des petites choses à enfiler pour faire des colliers, elle pense que sur le talus là-bas en marchant vers la forêt la neige sera moins épaisse et qu’elle y trouvera des graines enfouies, elle avance et soudain elle les voit, elle les reconnaît tout de suite même s’ils sont loin, Waralin le survivant et le jeune Riks, et comme elle a enfreint la règle imposée aux enfants de ne pas quitter seuls le camp, elle se cache, les observe, observe la silhouette de Waralin installée dans le traîneau — d’habitude si tassée renfrognée, contrainte par l’infirmité — qui s’agite, danse des mains et des bras en même temps que le torse participe aux courants de l’air et que les épaules se tournent comme pour indiquer une direction, elle se dit que s’il bouge de cette façon désordonnée c’est qu’il est en train de parler et c’est forcément qu’il a quelque chose d’important à dire pour déployer les bras, les mettre en branle à ce point, elle le sait, elle le comprend, elle ne l’a jamais vu dans cet état ou alors en transe lorsqu’il racontait sa chute à flanc de glacier alors que tous étaient réunis dans la grande hutte en rondins de bouleau — elle n’a pas oublié le bleu cinglant presque surnaturel de ses yeux —, donc Waralin a quelque chose d’important à dire à Riks et ça concerne la survie et l’avenir des tribus, la possibilité d’un nouveau printemps avec la floraison des épineux, la prolifération des lapins et le retour des grands mammifères, elle imagine tout cela, le suce comme un petit fruit de prunelier, Riks plus jeune que Waralin est dressé de toute sa hauteur près du traîneau, il a l’air d’un géant mais ce qui frappe l’enfant Doria c’est le fait qu’il soit légèrement penché vers l’avant, et aussi son extrême immobilité, on dirait qu’il est entièrement concentré sur le visage de Waralin et qu’il se laisse uniquement toucher par l’air brassé par les mains — une sorte d’inversion des rôles dans ce moment de conversation, indice supplémentaire pour penser que les mots prononcés sont importants et de l’ordre de la confidence —, elle s’est rapprochée de la scène pour en être sûre, c’est alors que Riks prend les mains de Waralin dans les siennes, son visage paraît changé, un long moment ils se regardent comme partageant un même projet, un rêve de voyage, une pensée audacieuse et clandestine avec le temps qui s’accroche aux brumes et l’oiseau noir qui décrit des cercles au-dessus de leurs têtes et lance des cris scandant leur pacte, entre eux il se trame quelque chose, maintenant elle en est tout à fait sûre, ils échangent encore des mots en se tenant par le coude — des mots qu’elle n’entend pas — et tandis qu’ils lèvent d’un même mouvement leurs visages vers le ciel, l’enfant Doria quitte sa cachette et se met à courir comme une folle en direction des remparts.
J’aime déjà le titre « confidence » et puis ce texte qui nous parle de corps, de sentiments , de voyage, d’enfance et nous emmène vers le rêve et la beauté d’une rencontre quelque part dans un lieu que tu me donnes envie de découvrir plus en suivant Doria, Riks ou Waralin. Une histoire à suivre… Jacqueline.
Et revoilà les personnages que j’attendais depuis … pas mal de temps!
C’est trop intrigant, vite la suite, même si c’est en confidence que tu nous en parle.
J’ai découvert avec plaisir ce texte, innovant pour ma part, et j’en suis très « fan » des descriptions très belles des paysages, des personnages forts qu’on a envie de découvrir davantage, vite la suite…
Merci merci pour ces envies exprimées là, pour ce soutien…
En effet les hommes de « Falaise sans fin » sont de retour sur ma table de travail… et j’avance au rythme de leur expédition périlleuse, tente de les accompagner au mieux… je ne sais pas encore ce qui se passera mais plus d’une centaine de pages sont écrites (même si le nombre n’a pas d’importance en soi)
En tout cas c’est en chantier ! aventure à suivre…