Vous allez le comprendre, je suis à nouveau arrêtée dans ma course. Repos forcé, nouvelle épreuve, mais ça va aller… J’en profite pour écrire sur ces circonstances — une contribution au Dictionnaire du « Comment écrire » sur Tiers Livre autour de ce terrible mot Accident.
Vivre – écrire- traverser le temps et l’espace – accueillir – participer à son devenir.
Fait imprévu intervenant au beau milieu de la vie. Choc violent, chute, culbute, torsion, bouleversement, anéantissement, interruption momentanée ou définitive de l’image. L’accident arrive sans crier gare. Il touche soi ou les autres. Quand il s’agit d’un proche, c’est comme si c’était soi, pire même. L’accident déchire la toile, détruit la perception qu’on a du temps. Tout ce qui était bâti ou en train de s’inventer s’effondre. En un éclair l’accident reconfigure le monde – comme une mise à jour. Forcément générateur d’écriture à plus ou moins long terme.
Chaque accident dont j’ai été victime, a planté ses griffes dans la chair et la mémoire, a secoué l’idée de la mort tout en creusant une zone grise dans le livre en cours d’écriture. Hier j’étais heureuse de mon escapade dans l’ouest, de mes carrés de potager en espérance de soleil, de mes petits projets. Et voilà qu’un linteau de porte me stoppe net. Je me fracture le dos. Corps à terre, douleur aigüe. Le printemps a brusquement changé de visage. Il y a deux ans : la cheville tourne, le corps bascule dans un trou creusé par une pelleteuse dans la rue – combien de fois déjà, cet enracinement défaillant ? Ou encore, à la mort du père : l’escalier aux marches mouillées, tibia brisé.
L’accident réclame nécessairement des mots — écrits ou simplement prononcés — afin qu’ils constituent une douce enveloppe, caressent nos os et nos joues, engendrant une sorte de psalmodie consolante alors qu’on voudrait encore marcher le long du fleuve, se donner une chance de voir le paysage plus loin. L’accident crée des inclusions dans le texte pareils aux insectes saisis à jamais dans l’ambre, petites solitudes immobiles.
Photographie : Iris couchés au jardin, Françoise Renaud, mai 2021
Ta dernière phrase , l’insecte et l’ambre, est une comparaison superbe. Sait-on pourquoi on est accidenté? Pagnol disait « Une victime n’est jamais tout à fait innocente ». Mais foin de morale, c’est la capacité à se relever qui importe. Et tu l’as!
Comme ces beaux iris couchés par le vent et qui se redresseront, tu reprendras ton chemin semé d’embûches que tu vaincras.
Bonne patience et courage
Avec amitié
h
Que comprendre de ces épreuves que la vie impose parfois ? Rien, peut-être, sauf à les transfigurer par la magie du verbe, ce que tu fais si bien. Courage, mon amie…
Courage Françoise bien sûr tu résistes, tu es forte, la guérison est là…faut seulement patienter et prendre le temps…
Bisous
Accident, oui petit ou grand, qui sangle l’élan de la vie à n’ importe quel moment. Se poser, se re-poser, comme tu es contrainte à le faire, portée par les mots brancards qui vont de faire passer d’ une rive à l’autre, un peu plus cabossée, un peu plus réparée, toujours dans l’avancée à tellement d’ issues!.
J »aime beaucoup ces iris alanguis sur la pierre, offrant une douceur éphémère à la rugosité de la matière. Ils vont peut être laisser du bleu de leur chair pétale, comme un ecchymose sur l’ âme.. Tu es argile et calcaire, selon la faille qui s’ ouvre et de ces accidents tu offres un tel sédiment nouveau, toujours très attachant, fort ou fragile selon l’instant..
Un très beau texte qui donne à réfléchir sur le sens de la vie et tous ces petits cailloux qui se glissent dans nos chaussures pour nous rappeler combien nous restons fragiles et vulnérables… Un peu trop étroit ou un peu trop bas, et nous voilà dans le tourment avec des bleus à l’âme que le soleil du lendemain adoucira pour des jours meilleurs.
Jacqueline.
Très beau, vous avez si bien trouvé ce que j’avais sur le coeur pour le dire à Françoise. Merci.
Toutes choses devant sans faute être terminées à telle ou telle échéance, finalement ne le sont pas, c’est l’accident, et la vie continue, comme un torrent qui dévale au détour d’un rocher. Merci pour ce rappel à l’impermanence Françoise…
Je pense à ta souffrance quand cet accident te surprend et j’éprouve cette souffrance… Et les iris couchés parlent si bien de toi dans ce moment de fragilité. Je t’embrasse, Françoise !
Merci les amis de vos présences.
Chacun de vos mots me touche, car je suis juste une humaine en attente de consolation.
Le plus dur, c’est la douleur. J’attends son atténuation, je compte les jours et reconstruis mon quotidien.
Fille du dieu soleil Ra, Bastet est une déesse à double visage : sous sa forme de chatte ou de déesse à tête de chat, elle est la déesse bienveillante protectrice de l’humanité, également déesse musicienne de la joie et déesse de l’accouchement. On la représente ainsi souriante, mais elle est également réputée pour ses terribles colères. La séduisante déesse à tête de chat, sacrée, protectrice des femmes et des enfants, détient le pouvoir magique qui stimule l’amour et l’« énergie charnelle ». Un atout qui lui valait un culte tout particulier de la part des Égyptiens.
Déesse aux caractères antagonistes, douce et cruelle, elle est aussi attirante que dangereuse, symbole de la féminité et protectrice du foyer. Mais toujours en elle, sommeille le félin.
Et toi, vile mortelle, tu as osé déranger une de mes filles, Volga, qui paressait paisiblement dans un fauteuil, bien à l’abri des rayons fulgurants de Ra mon père.
Quelle audace.
Chose aggravante, tu allais vite bien sûr, comme d’habitude, et tu as ainsi énervé Borée, le dieu du vent du Nord, ton pays, fils d’Éos et d’Astréos.
Il appartient à la race des Titans et incarne les forces primaires de la nature que tu as donc défiées.
Mal t’en prit.
Ta tête orgueilleusement dressée sous ta toison ocre feu s’en alla percuter une poutre de mon temple que tu avais oublié de saluer dignement.
J’ai quand même eu un peu pitié de toi, qui au fond, n’est pas bien mauvaise; j’ai veillé à ce que la poutre ne te prenne par une arête qui t’aurait fendu le crâne et j’ai permis que la rondeur de tes fesses amortissent (un peu) la chute.
Mais gare si tu oses t’en prendre à nouveau à ma fille (prends exemple sur elle et cesse de t’agiter en permanence) … et évite d’énerver Borée et ses frères du sud, de l’est et de l’ouest ; ils savent être violents.
Chère Françoise, accidentée à nouveau… Je me souviens t’avoir lue lors du précédent, un texte magnifique, comme celui de ton blog. L’accident à reconfiguree le monde, la zone grise creusée dans le livre. On veut les mots que tu écris sans les épreuves qui t’arrivent. Je pense à toi et te souhaite du bon très vite. Je t’embrasse.
Le pire c’est la douleur.
Et puis ces répétitions.
Continuer en étant dans l’arrêt, c’est le travail de l’écriture.
Et l’écriture (pas seulement elle,) Françoise, c’est ta vie.
Alors de chez moi, loin, je te dis que j’attends les mots qui vont suivre.
p.
oû aviez-vous donc la tête
surprise
rappel à l ordre
étroite la porte
çà vole bien bas aujourd hui dans le monde
esquiver les pièges
ne pas tomber trop bas
la verticalité mise en demeure
vous avez toujours eu fière allure
à vous redresser encore
« j ai entendu un vieux maître guitariste dire :
le duende n est pas dans la gorge le duende remonte par dedans
depuis la plante des pieds »
frederico garcia lorca
Bonsoir,
Juste envie de dire Oh ! non, mais cela ne console pas, alors reculer et laisser un ange passer, lui demander d’atténuer vos douleurs, vous envoyez des pensées apaisantes et douces, espérer que votre convalescence commence déjà et qu’elle soit rapide, amitiés, Cat S