monter aux Falguières

Grand vent dehors. Sans doute lui qui chasse les pensées mauvaises qui m’ont agitée cette nuit et ranime certaines images prises à la belle saison il y a quatre ou cinq ans déjà.

Rendez-vous était pris avec Jean pour monter aux Falguières, un hameau abandonné là-haut sur le plateau au-dessus du village. Le temps était beau, le versant couvert de châtaigniers très abrupt. Jean souffre d’une maladie qui le ronge et limite ses forces, et il s’était donné pour challenge de le grimper pendant qu’il le pouvait encore. Une course à se fabriquer des souvenirs, à raviver dans ses muscles une tension du vivre. On avait pris le temps qu’il fallait, pas à pas, nous ménageant de fréquentes pauses pour éponger la sueur. Le paysage avait été récompense. On avait visité les maisons presque toutes en ruine, mangé des petits sandwiches au jambon cru et donné une part au chat noir et blanc qui nous avait tenu compagnie. On avait regardé autour de nous cette magie non dénuée de candeur comme une évidence. Puis nous étions redescendus par l’autre bord sous les pins dans la lumière majestueuse.

On évoque assez souvent cette promenade. Jean dit qu’elle réclamerait trop d’effort pour lui aujourd’hui.

9 commentaires

  1. Et voilà que ça me fait penser que j’aime ce pays ! La magie de tes mots et de tes photos!!

  2. Bel endroit, belles photos, beau texte… Merci Françoise !

  3. Sensibilité à fleur de peau. Effort récompensé par la vue du paysage. Petit pique nique sympa, voilà de quoi faire une très beau souvenir et respirer à plein poumons cet endroit de rêve. C’est un peu comme si on y était.

  4. Janine Teisson

    Merci pour cette marche d’été dans la lumière, entre fugacité et éternité.

  5. Que c’est beau !!!
    la nature, les ruines, les toits et la végétation sous le soleil,
    tout a une âme
    en lisant ce beau texte je cheminais avec vous.
    Merci Françoise

  6. Ramener l’été dans sa besace. Retour sur soi, souvenir géographique de Jean. Les plateaux qui nous observent sans nous envier.

  7. Jacqueline Vincent

    Un mot me vient en lisant ce texte : émotion mais aussi complicité. Une promenade qui resssource et rapproche et qui restera dans les moments importants d ‘un été. Un chuchotement, une confidence aux creux des arbres et la complicité d’un chat qui a élu domicile dans les pierres mousssues d’anciennes habitations me donnent envie de croquer ce paysage qui a le pouvoir de guérison. Par tes mots et ton attention à l’autre. Jacqueline.

  8. Jean-Luc rocher

    Il m’arrive de penser à ce moment, à la beauté du paysage, à la montée sous la frondaison qui fut éprouvante pour moi, mais quelle récompense en découvrant ce village qui se meurt baigné de soleil et de vent, la beauté de ces maisons de pierre sèches. En allant à l’intérieur j’ai ressenti l’âme des lieux que la vie avait quittée il y a bien longtemps.
    Ce fut aussi un moment unique, un de ces moments qui renforce l’amitié. Et puis ce chat noir qui s’est invité quand nous avons sorti nos sandwichs. Il était venu se frotter contre nous comme si nous le connaissions depuis toujours.
    Cette journée reste gravée dans mon cœur. Y repenser parfois suffit à embellir ma journée.
    Merci Françoise pour ce texte que je ne qualifierai pas. Le découvrir est pour moi une façon de revivre ces instants. Pourtant nous n’avons pas beaucoup parlé mais nous étions ensemble. Merci pour ce cadeau. Je t’embrasse très fort

  9. C’est aussi un beau cadeau pour nous, ce souvenir évoqué et illustré de si belle façon. À l’heure pour toi de quitter cette part des Cévennes, un partage confidentiel avec chacun de nous…Merci, chère Françoise.

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