carnet d’installation | 25 mars 2023
Beaucoup me disent regarder la carte météo comme s’ils déployaient une carte IGN à la recherche de certains lieux, non pas pour trouver le meilleur trajet pour les rejoindre, simplement parce que ces lieux sont fréquentés par des personnes aimées. Avoir une idée de la couleur du ciel au-dessus de la tête d’un ami peut renseigner sur son humeur du jour et son état d’esprit.
Aujourd’hui C. m’écrit : « je constate qu’il pleut beaucoup dans ta région, alors je t’imagine en écriture à ton bureau en attendant le prochain rayon de soleil…« . En fait la carte des prévisions du journal télévisé est trop générale pour donner suffisamment de précision sur la quantité de pluie ou la nature du vent ou la pression de l’air, des éléments qui de tout façon ne suffisent pas à dire ce qui peut définir l’atmosphère d’une journée. La dose de poésie ne fait pas partie du programme. Elle est là pourtant, manifestée au cœur des fougères-aigles en attente de jeunes pousses, entre le mauve soutenu du muscari et le jaune fort des arbustes en bordure du muret, dans l’élégance des premières tulipes, plus tardives que dans mon pays d’avant. Alors non mon amie, il ne pleut pas autant que l’annonce la carte météo, j’ose dire hélas, car la pluie manque, les étangs n’ont pas atteint leur niveau de printemps à ce qu’on dit. Aussi je goûte chaque pluie pour ce qu’elle apporte de bon, de frais dans l’air et dans l’herbe, de bourgeons lents dans les arbres, de brume au matin, brume qui adoucit les contours et la courbure du temps. Je crois que je n’aurais pas supporté davantage le soleil du sud, en cette saison déjà trop ardent. Je voudrais simplement être un animal, m’ébrouer ou paresser comme lui dans le pré, laisser mon cœur perdre peu en peu de sa férocité et de son impatience, et guérir. La pluie suave m’accompagne dans le chemin.
Photographie Françoise Renaud© – 2023
C’est vraiment ce que je fais lorsque je regarde la météo, je guette toujours sur la carte de France les endroits où les amis et mes enfants habitent et j’imagine quelles peuvent être leurs occupations ou préoccupations du jour .
Une façon de détourner le moment météo, de penser à ceux qui sont loin… une bien douce pratique !
L’air ambiant fait d’ensoleillement de vent de pluie de fraîcheur conditionne un peu notre activité. Je peux partir marcher car il ne pleut pas … Nous scrutons la météo et agissons en fonction des annonces. Le temps s’écoule comme il a envie à nous de nous adapter. On aimerait qu’il continue le rythme passé car le changement nous perturbe et nous fait même peur. Vais-je voir pousser des salades, des fraisiers avec les petits merles à côté. L’été dernier j’ai pleuré quand j’ai vu un glacier connu devenu peau de chagrin… Il faut admettre et agir avec raison. En ce moment ici la pluie cogne aux volets.
Merci Françoise pour ce passage météo.
Je supplie pour un printemps pluvieux et je note chaque passage de lourds nuages, bénis chaque averse. Je ne suis pas la seule…
Merci Odile pour ton écho….
Justement, j’allais me plaindre à la météo régionale qui nous donne trop peu d’informations sur les nuages (ou le soleil) posés sur C… comme un point sur un I. Chaque jour je cherche sur la carte déployée sur l’écran, si le commentateur s’arrête au dessus de ton département et vient te déranger dans la contemplation de ton ciel. Et bien non, il sent bien qu’il n’a rien à faire dans ton jardin poétique et me laisse rêver à l’Arc en ciel qui éclate soudain entre pluie et soleil…
Tu décris bien l’importance de la météo pour créer ce lien rapide et simple avec ceux qui sont loin. Imaginer la couleur du ciel au dessus de leur tête. Et ce que ce soleil du sud peut brimer, alors que pour ceux qui en manquent il revêt tous les sortilèges. Le ciel gris coupable de tout… 🙂 J’aime ce texte.
Les dernières phrases loin de la pluie et du beau temps….
Qu’en est il de ton ciel intérieur ?
Il va de soi que le joker est maître pour la réponse mais c’ est ce qui me touche le plus dans ce très beau texte…
Je vous accueille tous ici, mes amis, mes fidèles, mes inconnus, sous ces cieux mouvementés ou sereins, ceux de ma toile intérieure qui toujours se mêlent étroitement à ceux qui s’expriment au-dessus de ma tête…
Il y a beaucoup de bonheur avec la saison qui avance, du coup mon « ciel intérieur » est vivace, pareil aux plantes que je vais mettre en terre ces jours-ci…
Merci à toi Marie Claude d’être là, aux aguets…