Cher petit papa,
Voici la dernière lettre que je t’écris pour t’accompagner dans ton voyage au-delà des frontières. Les souvenirs affluent en moi, déjà. Ils me poignardent, en même temps secouent la vie et l’amour que j’ai toujours eu pour toi.
Je me souviens.
Je me souviens de la fête au village.
Nous glissions en auto tamponneuse sur la piste lustrée et ton bras enlaçait mes épaules pour me protéger des chocs violents.
Je me souviens que tu jouais certains airs à la trompette : La mer qu’on voit danser ou Petite fleur de Java, partitions en lambeaux juchées sur le pupitre métallique auprès du radiateur.
Je me souviens que tu me présentais aux gens en disant : la fille, ce qui laissait entendre qu’il avait également un fils. Je me souviens du mot épissure que tu m’avais appris alors que tu réparais une corde. D’un pique-nique dans la pinède de Saint-Brévin. D’une partie de pêche à Préfailles. Et si je ne peux citer tous ces menus moments ranimés à force de fouille, je peux dire à quel point ils ont compté pour moi – pour toi aussi sans doute, une chose que je ne saurais jamais. Ils sont comme des parapets auxquels aujourd’hui je m’appuie, des soleils auxquels je me chauffe, et leur assemblage pourrait finir par constituer une sorte de halo étincelant autour de ta figure de père.
Toi et moi, nous avons toujours partagé un goût certain pour le jardin, pour le vent d’ouest et la mer dans tous ses états. À jamais nous partagerons le même port d’attache.
Mais l’histoire s’écrit à partir du présent.
Au revoir, mon papa.
Texte lu lors de ses funérailles en l’église de Sainte Marie sur/mer le samedi 4 février 2017
Photographie : Françoise Renaud
Rien n’efface l’enfance et ses souvenirs, ils nous suivent la vie durant. C’est au moment d’un départ qu’ils reviennent en force essuyer nos larmes, calmer nos angoisses.
Plus tard ils viendront réchauffer ton coeur et s’appelleront souvenirs pour de vrai. Très beau texte Françoise, merci de nous le faire partager.
un très bel hommage à ce qui nous relie, quelque soit le chemin à ceux qui nous ont donné vie. Merci
Bien des pensées, merci pour ce beau texte
C’est l’ultime cri d’amour que tu adresses dans cette lettre à ce cher petit papa. Les souvenirs que tu évoques sont des moments d’une grande banalité mais tellement importants pour l’enfant que tu as été et qui d’une manière le restera toute sa vie comme nous tous. Un très bel hommage rendu à celui qui t’a donné la vie.
très beau texte, je pense que nous sommes tous ici bas pour
nous épanouir et donner de l’amour Chaque fois que je t’écoute lire un texte je suis émue Continue ton oeuvre ,le
printemps t’apportera la joie merci a plus tard dans notre pays
La vivacité des images semble creuser le manque. Puis vient un moment où la douceur affleure. Et donne au souvenir sa force d’apaisement.
Merci, Françoise, pour ce texte sensible.
J’ai voulu vivre à fond tout ce qui a entouré le départ de mon père. Je ne me suis rien épargné.
Chaque instant de silence ou de partage avec ceux venus jusqu’au corps.
Chaque moment passé près de lui, froid eet figé. Mais ses cheveux étaient si doux, si blancs, et sa tête si dure.
Et puis descendre dans les profondeurs, ne pas avoir peur. C’est ce que m’a dit un ami tendre.
Aujourd’hui, la lumière revient lentement. L’espoir de continuer à écrire pour dire tout cela. Le printemps qui se profile. La pluie, la pluie encore demain, la pluie sur la montagne et sur ma maison.
Chers amis, cette intensité rare donnée en ces circonstances permet de monter en conscience encore et encore. Merci pour votre doux accompagnement.
La mort d’un être aimé n’est jamais la mort de l’amour qu’on lui porte.
Ce présent de l’amour perdure et se transmet d’être aimé en être aimé.
Le moment de la séparation physique est trés douloureux mais ton pére t’accompagne pour toujours.Il est « rentré en toi ».
Tu ne peux douter de l’amour qu’il t’a porté et de la fierté qu’il devait avoir en te nommant LA fille, seule qui existe réellement.
JP et moi t’accompagnons dans ces moments difficiles,avec l’espoir que bientôt la douce lumière de Saint Laurent commencera à cicatriser cette blessure.
Merci pour tes mots touchants,
pour la confiance avec laquelle tu nous dis l’épreuve que tu traverses… laisse la pluie couler , laver ton chagrin, apaiser la morsure des souvenirs…
la vie est là et continue à sa façon.
Je partage avec toi ce qui est, malgré les mots qui enrobent la douleur, une épreuve.
Je t’embrasse.
Et si, maintenant, nous ne pensions qu’à lui , à l’avance qu’il a pris sur nous tous, les vivants ? Maintenant , il SAIT. Et nous, dans notre tristesse, nous savons qu’il ne peut plus ressentir nos tourments, nos angoisses terrestres, mais qu’il est forcément dans la paix.
Ce père qui a vécu son lot de vie, son lot d’angoisse, son lot de tristesse, mais aussi partagé toutes les joies avec ceux qui continuent à l’aimer, il a bien droit à la paix infinie, ne crois-tu pas ?
Je pense très fort à toi et à ta maman, ma Françou.
En l’écrivant je pensais ton papa inextinguible . Et voila qu’il rejoint l’éternité. Après la grande solitude d’après-départ qui écrase les épaules, on se redresse sous le fouet de l’exaltante responsabilité que nous lèguent les absents.
Un legs pour prolonger le chemin et défricher tous les sentiers non écrits.
je t’embrasse tendrement Djil
Très bel hommage à un père qui a, apparemment, laissé des traces profondes dans le coeur de sa fille, je pense au mien qui nous a quittés en 2005 mais qui a toujours la même place dans mon coeur et qui habite aussi mon quotidien… qu’aurait fait Papa ? qu’aurait dit Papa ? …. Important de pouvoir un tel souvenir en nous, c’est ce qui nous construit ! Bon courage Françoise !