glaner

non pas des graines ou des herbes à manger, non pas des légumes ronds et mûrs à caresser, des feuilles dentelées ou barbues ou lisses ou recroquevillées à mêler avec de l’oignon et de l’ail dans un saladier, non pas des fleurs à mettre en vase ou à poser en décor sur la table, non pas des envies de mordre, des souvenirs d’une année précédente ou de l’enfance, des parfums inconnus, des mots dérobés dans le cours de l’air à transformer, des idées à décortiquer, non

glaner des images, de simples images en visitant cet espace naturel chaque jour modifié de façon imperceptible

glaner en empruntant l’allée qui conduit de la maison à la serre où profitent les semis — tomates à conserver l’hiver prochain, tomates vertes veinées, basilic à hampes bleues, capucines, courges de Nice –, regarder d’un bord et de l’autre, observer les changements insoupçonnables, examiner les dégâts du vent ou les bienfaits de la dernière averse, rechercher la pulsation du temps dans ce vent qui s’enfile à certaines heures dans la petite vallée

glaner des images à chaque pas comme on raconte une histoire, comme on entre dans un rêve pour le décrire, comme on récolte des éclats de temps et des brisures de lumière

Photographies FR, avril 2022

5 commentaires

  1. Merci la glaneuse!!! Un joli voyage floral bien apaisant….on hume on savoure, on se rince l’oeil en douceur… les tensions se dénouent , la respiration se fait plus ample, moins rapide…. ZEN!….
    Oui, merci pour tous ces bienfaits…….

  2. Marie-claude Morote

    Merci pour ce regard tendre et poétique sur l’éphémère beauté du printemps…
    Les photos invitent au rêve, à la fraîcheur de soi et cela fait un bien fou..

  3. comme il est beau ton jardin. Tu dois être bien à t’y promener. Merci de nous faire profiter de sa beauté ma douce.

  4. Jacqueline Vincent

    La couleur des mots glanés dans ton jardin ou sur les photos qui nous cueillent comme des éclats de lumière… J’aime le printemps sous ta plume et dans une nature en fête qui éclot dans un bouquet de marguerites ou de tulipes. Devant ma fenêtre le lilas s’éclate en gerbes violettes ….

  5. Chere Françoise, de ton invitation à te suivre dans ta délicate déambulation, je glane, pour m’en nourrir avec bonheur, les delicieuses et poétiques lignes de ton épilogue. Comme une invite en douceur à méditer, merci !

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