Elle regarde loin, absorbe l’horizon.
Absorbe la lumière, les astres et la matière noire comme si elle possédait la connaissance de ce qui arrive en arrière du rideau. Un jour. On ne sait pas.
Les images se reflètent en arrière de son cerveau et se succèdent à une vitesse foudroyante comme si elle avait vécu longtemps et que les événements étaient encore vivaces. Le cerveau devient pareil à un meuble qui contient les odeurs et les visages et les silences échangés comme autant de paroles, une espèce de silence nourri de la vie — toute la vie héritée, quotidienne et intime —, la vie déroulée dans les chambres.
On comprend l’intensité de ce silence par le fond à la fois ombreux et scintillant de ses prunelles, plus éloquent qu’un discours, qu’une longue conversation.
On caresse sa joue à la peau si fine.
On veut tenter de rester réveillé devant ce morceau de miroir à nous-mêmes avant que la pluie ne se mette à tomber.
Autour du dessin d’encres de Sylvie Seigneuret – ©Françoise Renaud
texte écrit dans le cadre de notre expo commune sur le Chemin des Z’Arts, été 2016, à Saint Laurent le Minier
Ce portrait de Sylvie Seigneuret me parle, fait jaillir en moi plein de souvenirs. Regard énigmatique qu’a bien saisi l’auteure dans ce très beau texte. Osmose parfaite du dessin et de l’écriture.
Les horizons sont parfois des traits en clair obscur et le hasard de l’eau pigmentée les sublime.
quand les arts se marient de façon magistrale, ça donne ça!
Un regard qui perce les mots tout doux comme la peau de ses joues, la couleur de sa bouche, un portrait qui en dit long et qu’il faut capturer.
Un visage fascinant dont le regard porte vers l’infini dans une mélancolie que Françoise nous fait entrevoir dans son texte sans résoudre le mystère de la pensée caché derrière ce regard porté vers l’infini… Jacqueline.
Cette femme est vraiment très très belle et son regard nous entraîne loin avec elle. Mystère, énigme, regard qui pénètre les choses… Tu la dis si bien avec tes mots ma douce et belle amie.
Et puis il va pleuvoir. Ce que les yeux auront vu, ils ne veulent plus le voir. Mais il va pleuvoir, rien de plus normal. La chambre est bien close, le fer et l’or se mêlent sur des tapis volants. Je pense que ça ira.
Pascal.