carnet d’installation | 11 mars 2023
Il n’aurait manqué plus que ça, que la déveine nous poursuive jusqu’ici s’acharne, une déveine sans pitié ni discernement. J’ai tout de même eu mon lot de drames (toujours vif le souvenir de l’inondation qui a marqué mon installation cévenole un certain 17 septembre), et c’est vrai que c’est arrivé pas loin, un autre genre de catastrophe, un phénomène local disent-ils de plus en plus fréquent dans les zones d’orages, un corridor de vent violent tourbillonnant, une spirale qui broute et dévaste . Pontarion pas bien loin sur la carte. J’ai fui les images de dévastation, trop difficile, ça me troue, rien que débris, je pense aux gens, à la destruction autour d’eux. Je sais un peu ce que ça fait. On dirait la guerre.
L’information a été diffusée dans la soirée. Au matin les messages ont débarqué sous toutes les formes, amis inquiets qui n’ont pas bien entendu la localisation. Est-ce que ça va ? Où es-tu maintenant ? Des dégâts ? Oh la la… Tout le monde prend peur sur le moment mais oublie vite. Le paysage est un labyrinthe où se faufilent des colonnes de vent sauvage, où l’eau peut jaillir en trombes du ciel et détruire les villages, où la terre peut se fendre de sécheresse ou s’effondrer sous l’effet de séismes imprévisibles. On oublie, on ne peut pas vivre avec des hantises. On ouvre la porte qui donne sur le jardin. Le monde est toujours là, scintillant. On observe la fragilité des bourgeons, la peau mouillée d’une salamandre, on caresse le chat qui offre son dos, on reconstitue une façon de bonheur entre les brumes et les débris comme si une part de paradis se situait là, nichée au seuil de l’herbe entre les fougères, en équilibre parfait, là à nous attendre.
Photographie Françoise Renaud© – Grand Neyrat, mars 2023
Chat et dentelles aux fenêtres, dentelles aussi dans l’écrit avec toujours cette capacité à ramener au bonheur. Merci, Françoise.
j’essaie toujours de rechercher la parcelle joyeuse pour contrecarrer ma tendance naturelle trop sentimentale et nostalgique…
merci Anne pour ton passage si doux…
C’est tellement du vécu et tu décris tellement bien Ie ressenti que je me souviens avec angoisse cet épisode Cévenol qui nous a marqués à vie. J’espère que dans ton nouveau paradis tu n’auras pas à revivre ces moments difficiles. Heureusement vous avez été épargnés.
Continue à nous faire voyager dans ton nouveau monde.
Certains événements laissent trace pour toujours dans notre carte personnelle, et tu le sais toi aussi si bien…
Soyons positifs et attentifs à notre monde le plus possible.
Merci Jo pour ta présence…
Dès l’annonce de la tornade j’ai sauté et ouvert ma tablette pour chercher où était Pontarion…OUF! Pour vous….. c’était pas tout près …
J’imagine la désolation pour ce village mais j’ai été soulagée que vous n’ayez pas été touchés… vous avez eu votre dose je trouve …
Ça fait froid dans le dos ce sort qui pourrait s’acharner.
La vie est vraiment une aventure…..
« Le monde est toujours là, scintillant » : oui, même après les catastrophes, sa beauté surgit pour nous réchauffer au moins, sinon nous réconforter. Je suis heureux que cette fois, ce n’était rien pour toi. Prends soin de toi, mon amie…
En retrait en ce moment je découvre ton écrit seulement ce soir. Beaucoup d’images se superposent. Souvenir de la sauvagerie cévenole que tu as malheureusement rencontrée et si bien décrite. Risque encouru pas très loin de toi, dans un petit village. Tu tiens bon, tu vois le moindre signe de beauté en regardant dehors comme elle, chatte douce et mélancolique.
oui, nous sommes si impuissants face à la nature mais qui sait nous renvoyer aussi de très belles choses…
Le traumatisme est toujours là, difficile de s’en défaire.. mais la vie est là aussi pour tourner une autre page et nous donner d’autres moments de bonheur, de partage, d’amitié..
La nature, toujours la nature et ses caprices. Faut dire que les humains ne sont pas toujours au faîte de leur destin. Tu l’aimes pourtant, tu y retournes et elle se rappelle toujours à toi sans doute parce que tu peux si bien la décrire, l’analyser, la comprendre et partager les mots qui te sortent des tripes pour que, nous aussi, nous prenions conscience du respect que nous lui devons.
Merci Françoise pour ce partage.
Comme j’aime les fenêtres… Une passion qui vient de loin… Je les décore, les rêve ouvertes sur un paysage hivernal ou printanier. Avec cet air un peu désuet sous la dentelle où habitée par sa majesté le chat, elles m’ouvrent des horizons pleins d’avenir avec un rien de mélancolie qui se reflète dans la vitre embuée. Traces de peurs ancestrales, traces de vie que mes doigts malhabiles suivent en ce matin d’orages qui nous relient au delà du temps et de l’espace. Jacqueline.
moi aussi j’ai toujours aimé les fenêtres, battants qui s’ouvrent sur le dehors ou se referment sur le sommeil et l’intimité du sommeil
je suis passée par hasard devant cette maison en pierres pareille à beaucoup d’autres maisons en pierres par ici et le chat m’a interpelée dans son immobilité, il m’a fixée le temps de ma prise de photographies
on peut deviner en arrière du chat juste à droite une silhouette de femme qui sourit doucement
Le chat offre son dos à la caresse.
Et la nature sort ses griffes.
Il en est ainsi.
L’inconscient miséricordieux (comme le disait Gatti) saura nous faire oublier. Mais pas tout, bien sûr…
Bien sûr que nous avons pensé à toi, à vous mais aussi avec l’espoir que vous serez épargnés.. Faut pas exagérer tout de même dans le cumul des drames si je peux oser l’exprimer. Pensées néanmoins pour les victimes sans doute hébétés par la brutalité de l’événement sans compassion. Et vivre, continuer, tenir bon, debout avec les cabossures, les amputations, les trous dans le cœur, dans l’âme. Saisir le moment présent comme tu as appris à le faire de plus en plus, se nourrir de l’énergie qui fait du bien, de ces images autour de soi capables de raconter les non-dits, les silences bavards qui emplissent l’être de secrets, d’amour fou parfois pour cette vie nous offrant opportunité de résilience..