la lumière file de l’autre côté du versant, met le feu un instant… juste un instant, ça ne dure pas et ça peut échapper à celui qui ne regarde pas… bien sûr qu’on ne peut pas être sans arrêt aux aguets et regarder le monde, faire attention à tous les détails, observer la lumière par exemple, cette manière qu’elle a parfois de frapper la terre ou l’arbre, ou sentir la saison qui fait des siennes — même si on ne sait plus très bien ce qu’elle réserve, la saison —, par exemple l’automne qui fait son cinéma d’automne d’autant qu’il n’y a pas eu d’eau cette année quand il aurait fallu et les arbres souffrent, pas seulement les arbres, les arbustes aussi et les herbes, tout grillé brûlé irrémédiablement, rien à faire pour les sortir de là, et il y a des gens qui s’en rendent compte et qui le disent parce qu’ils savent regarder les arbres, ils les connaissent à force de les fréquenter… des gens du pays qui connaissent chaque parcelle, chaque traversier, chaque once de territoire dans un rayon de plusieurs kilomètres, aussi des gens dont c’est le métier, des savants du végétal, mais ces derniers ont beau être experts, pas plus que les autres ils n’ont les moyens d’intervenir pour changer la réalité présente, c’est une évidence pour tout le monde que les rouages se détraquent — lentement mais sûrement — à force de tirer sur la corde comme si tout allait rester à jamais splendide tout comme au commencement de la création, les animaux aussi le savent , ils descendent plus bas dans les vallées et défoncent les barrières pour aller fouiller plus profond dans les potagers, trouver des racines, betteraves oubliées, espèces tubercules ou fruits tombés bien qu’en voie de pourrissement, de quoi tenir un jour encore… c’est vrai qu’ils annoncent un peu d’eau cette semaine, un peu seulement alors qu’il en faudrait beaucoup, malgré tout j’en perçois les bienfaits comme si elle ruisselait déjà dans les pores du sol, là où il n’y a plus que l’os, le dur, la pierre, la roche-mère
Photographie : Juste avant le crépuscule, Françoise Renaud, 21/11/2017
Une photo aussi belle que le texte est poétique. L’automne, un sujet inépuisable pour dire la couleur, la terre, les arbres et les chemins qui traversent les sous bois où l’homme n’est pas le maitre….C’est vrai, la nature n’en fait toujours qu’à sa tête : sécheresse ou déluge… Tu sais bien… Jacqueline.
C’est vrai que c’était un sujet incontournable de rédaction à l’école primaire. Il fallait décrire l’automne, vous parlez d’un sujet, et on la ramenait avec les couleurs des arbres, toujours les mêmes, ambre, orange, jaune d’or etc… jusqu’aux couleurs du pourrissement. On n’en pouvait plus d’écrire ces rédactions chaque année… Mais là, ce déclic à cause de la lumière exceptionnelle hier soir, magique, extra-magique… les mots ont suivi tout seuls…
C’est bien de l’écrire. Le forêts sont silencieuses, les habitants sont partis. Et il n’y a rien à faire…
Tantôt trop d’eau, tantôt pas assez, même résultat. Les excès des hommes font les excès de nature. En attendant l’issue, contemplons par inadvertance la beauté.
Merci Françoise
Avec ce beau mois de novembre , la nature est en fête tous
les jours .
Même en ville , c’est la fête des lumières .
Il suffit de lever la tête , dans les parcs , dans les jardins ,
Les feuilles éteincellent en une belle palette de couleurs .
Et nous avons des ciels merveilleux , les matins et les soirs .
Profitons de chaque belle journée !
Merci Françoise de nous le rappeler .
Merveilleuses couleurs de l’automne. Merci Françoise de nous rappeler que cette beauté est proche de nous et qu’il faut savoir saisir l’instant où la nature s’éclaire et la contempler.
Bien décrit ces lumières d’automne, ces ciels magnifiques en cette saison. Avec ou sans eau, la nature se montre et les végétaux se parent de mille couleurs à admirer. Ne passons pas à côté sans les voir.