Le monde est à nouveau réduit, son souffle affecté, le franchissement de ses frontières contrôlées. Alors l’essentiel de ta vie se déroule dans le périmètre de ces vieux murs en pierre grise dont tu ne connais pas vraiment l’histoire. Ils dessinent avec précision le territoire, sorte de petit pays blotti au flanc du versant balayé par les vents et les brumes, pays qui est devenu le tien il y a quelques années et dont tu as la garde. Et tu sais combien la terre réclame d’être bêchée bousculée engraissée, chaque année transformée en humus propice à la germination. Tu sais que les fraisiers aiment ranimer leurs touffes après l’hiver — déjà ils poussent des fleurs à travers le paillage. Tu te concentres sur la tâche jour après jour, tu ne penses pas au monde qui grince, juste aux gelées qui peuvent survenir, aux plantules encore fragiles qui attendent dans la serre. Tu chasses les escargots à la main après la pluie. Tu nettoies les allées, même si aucune herbe n’est maudite, chacune digne d’observation, de considération. Tu installes des pierres prises au lit de rivière et des petites barrières pour dessiner les parcelles. C’est un véritable dessin que tu réalises à la surface de la terre. Oui, le jardin est un dessin à ton échelle, invisible d’en-haut sans doute, région miniature façonnée selon ta manière et ton cœur, fragments d’une mosaïque plus vaste capable de t’apporter de la plénitude et de te relier au ciel.
Photographies Françoise Renaud, jardin cévenol, 15 avril 2021
Merci de partager ces graines d’espoir et de réconciliation avec cette terre dorénavant trop piétinée ici et là. Tu arrives à te ressourcer où tu es depuis quelques temps par delà l’ambiance actuelle, par delà les ravages du mauvais temps, par delà le gris du ciel.. Tu arrives toujours à retrouver racines, nous invitant à en faire autant, que l’on ait jardin ou pot de fleurs…
Fleurissements du moment, promesses des petits godets et des plantations pleine terre enserrées de bois… Patienter, encore !
C’est beau de savoir être attentive à la respiration de la terre, de savoir faire naitre des promesses de vie et de beauté.
Merci Françoise. En Martinique on dit : « s’il te plait, ma chère, fais ça pour moi. » eh bien toi, tu le fais!
En te lisant, je me disais qu’il y a dans le fait de jardiner, ou même simplement d’être attentif — vraiment attentif — à la nature, à toutes les herbes, folles mais jamais mauvaises, comme tu le dis, quelque chose de primordial, et que nous retrouvons peut-être aujourd’hui. J’ai envie de dire que nous renouons avec nos racines, mais au sens propre : nos racines enfouies dans la terre, notre ancrage.
Merci pour ton beau texte, et tes belles photos.
Sublimes texte et images tressés. En écho Michel Foucault in Dits et écrits : « Le jardin c’est la plus petite parcelle du monde et puis c’est la totalité du monde « .
Bravo Françoise !
A travers ces lignes, le jardin apparaît, il est bien présent en toi et tu nous le fais partager avec ces mots , ces images, cela fait oublier tout le reste…la sérénité est là…..continues de nous faire rêver.
L’art de jardiner de mêler le corps et l’âme pour ensemencer la Terre – gestes sacrés – que tu maitrises si bien avec ces plantations et ces mots qui viennent enlever la grisaille des jours. Et comme la sève qui circule, monte en moi l’envie irrépressible de confier mille graines à la terre tout juste retournée du jardin, en attente des mille fleurs et légumes aux mille couleurs qui tapisseront les herbes folles de mille étoiles….de vie et d’espoir.
Merci, Françoise,
de cultiver les mots,
de dessiner ton désir de nouveau,
de partager ton amour du beau…
à Françoise
Si fort ce texte en harmonie avec la magnificence des fleurs printanières et plus tard des légumineuses. Les plantes te rendent grandement l’entretien, l’attention, la délicatesse que tu leur prodigues.
Elles nourrissent ta réflexion, merci de nous la faire partager.
Ton jardin est un petit Villandry dans le sud.
Quelle promesse, je pense que contrairement à toi, cela doit être très joli vu d’en haut. Les plantules ne demandent qu’à grandir, s’épanouir pour donner nourriture et satisfaction, les fleurs se donnent pour leur beauté, leur odeur, le plaisir de les regarder
et tes mains, quand elles sortent de la terre, quelle sensation de bonheur avec l’espoir d’avoir créé ce qui arrivera.
… le périmètre de ces vieux murs en pierre grise dont tu ne connais pas vraiment l’histoire …
Vieux murs d’un donjon ?
Donjon, ultime refuge face à la barbarie de ce covid qui nous encercle, nous assiège et nous laisse sans forces ;
Donjon, point de départ de la reconquête de la liberté quand les forces « vaccinales » seront suffisamment rassemblées pour vaincre l’ennemi ;
Donjon, point d’observation privilégié de la renaissance éternelle du printemps dans tes jolis petits godets pleins d’espoir.
Très beau ton texte et tes photos.
Impression d’être à l’œilleton du télescope spatial Hubble que nous aurions orienté pour observer Terre. Et voir ce jardinet près du ruisseau, au bas de chez toi : un château ! Et peut-être même toi ! Qui sourirait et ferait un coucou vers le ciel, ce ciel que nous sommes.
Merci pour ce partage Françoise, s’occuper d’herbe et de fleurs est exigeant mais d’une exigence tellement naturelle…