corps comme vidé piétiné massacré
ce soleil
cet air sec qui harasse et brûle l’herbe et la peau des plantes
et ça n’en finit pas, on nous l’avait prédit, c’est arrivé, ça se passe depuis des jours, combien de jours confinés dans l’ombre des maisons sitôt que l’astre a dépassé la cime des arbres et la crête des versants, terrés comme si dehors il y avait la guerre, plus de frais au matin pour reprendre ses esprits, la marche à petits pas serrés sous un chapeau de paille pour aller voir ce qui se passe au fond du jardin, plus grand chose sinon le dessèchement programmé des plants de légumes qui par décret n’ont plus l’autorisation d’être arrosés, assister à la mort lente, assister à la fin, je ne peux m’empêcher de penser à l’ami Jean-Luc parti il y a quelques mois qui aurait trouvé sens en cet événement et aurait dit les mots qu’il fallait, apaisants détachés, il aurait dit : voilà la terre qui se venge, les hommes ont oublié qu’elle était leur berceau, leur havre, leur bien, leur ressource, leur capacité au bonheur, il aurait parlé de la conscience qu’on a ou qu’on n’a pas du présent, des diamants qu’on retient dans la paume de la main et qu’on s’apprête à jeter dans la fournaise
maintenant corps brisé et dedans l’âme éclatée — de quelle façon continuer ?
ce soleil
les façades brûlantes, l’odeur des incendies qui se propagent vers l’est, résine et kérosène brûlé rappelant les odeurs de tarmac africain, on rêve d’Islande, d’un tapis de mousses sur un vieux mur de pierre, on écoute les prévisions, on épie le ciel et les ombres et le vent
on attend, c’est pour ce soir ou pour demain
C’est exactement l’atmosphère. La maraîchère où je prends mes légumes bio me partageait sa souffrance, ce matin, de voir tout grillé sur place, plus de chants d’oiseaux, plus d’insectes….
Quel été!!! Après les vagues de virus voilà les vagues de chaleur… encore la descente aux enfers… la sensation d’etre en grand danger, de ne plus pouvoir faire face…
cette nuit un basculement arrive… de l’eau… mais la situation est si grave que rien ne redeviendra normal… et certains auront sans doute orages grêle….
En effet plus d’oiseaux… plus d’insectes… tout est grillé sauf 3 pots de fleurs que j’arrose en me privant de douche….
Je pense aux travailleurs de la terre, aux éleveurs qui doivent se séparer de leurs bêtes….
Où va-t-on ?…..
Je me suis souvent demandé
Si un jour ça pourrait changer
Chanson originale, 1964 – BOBBEJAAN SCHOEPEN
https://www.youtube.com/watch?v=BFRRCwJ16Ac
rendue célèbre par Richard Anthony en 1989
https://www.youtube.com/watch?v=PbB-XeoGWxI
Tu n’étais pas née, Françoise, déjà certains criaient au loup … et personne ne les écoutait.
25 ans plus tard, reprise par un lanceur d’alerte connu et mieux médiatisé … et même (absence de) résultat.
Terrain Fragile, plus vrai que jamais maintenant que chacun le ressent sur sa peau et dans ses narines; puis viendra la grêle, la tempête, peut-être un peu de pluie, et il faudra s’adapter de force et non plus librement. Triste période, mais je crois en la force des sens, plus qu’en celle de la raison, pour amener ces orgueilleux humains à changer.
Et puis le feu qui dévore une nature asséchée, fait fuir habitants et animaux ne laissant sur son passage que désolation.
La boucle est bouclée. la Terre se retrouve comme au premier jour nue et vulnérable, là où l’homme devait ensemencer, cultiver et embellir la planète
il doit maintenant se battre pour sauver et soigner ce qui peut l’être. Il est donc vraiment temps de nous mettre à l’écoute de cette Terre Mère, de nous unir pour une « sobriété heureuse » et responsable.
Merci Françoise de nous le rappeler.
Message bouleversant.. Tout est dit dans ce regard écrit.. Nous sommes sur la tangente d’une fournaise calcinant du plus infime au plus grand, chaque jour un plus.. Et toi si attentive à la beauté des cadeaux de la terre, vérifier un peu plus chaque jour la douleur du vivant en train de s’éteindre.. Et par delà ton jardin, les champs, les forêts, la montagne…
Nos larmes ne suffiront pas à redonner la verdoyance. S’il pleut, les craintes d’inondation lacèrent déjà des ventres selon la position géographique. La terre est sèche, en épaisseur.
Et tandis que l’on voudrait ouvrir les bras, comme un accueil, un refuge à plus malheureux que soi, de l’eau coule encore à l’entrée de certaines villes, les terrains de golf sont protégés, les puissants de ce monde n’ont cure de la misère et se pavanent dans des lieux qui ne privent de rien…
Et j’en passe qui m’échappe.
Alors que les plantes, les arbres, les animaux, les insectes, les corvéables du sol pour nous nourrir regardent, hébétés, la colère de Gaïa.
Ton texte, une fois de plus, m’a retourné les tripes.
J’espère de tout mon cœur qu’il ne s’agira que d’un épisode mais déjà trop long !
Étouffement de toute vie et pourtant garder l’espoir de jours meilleurs. Il le faut !
Et ce matin, soyez heureux, la pluie est là, bienfaisante et nourricière. On peut espérer que l’ordre des choses se rétablisse adoucisse les douleurs, réveille cette nature souffrante en même temps que celle des coeurs meurtris.
Faisons lui confiance tout reverdira
Après deux bonnes heures de panne d’électricité suite aux premiers coups de tonnerre ce matin, je découvre tous vos échos et ça me remplit le cœur
la pluie est tombée en abondance, les odeurs émanent des végétaux et la chatte s’est installée sur le petit balcon, contemplant la nature
c’était si nécessaire
merci à vous tous pour vos mots posés par ici…
Mais oui, on n’y croyait plus, la pluie est arrivée, quel plaisir d’entendre ses roulements de tonnerre, d’entendre le martellement des gouttes sur la terrasse….
Si cela pouvait chasser les frelons, les guêpes, les moustiques qui eux sont bien présents …..alors on invente des pièges, on se tartine de répulsif, très énervant ces bebêtes, mais tout cela n’est pas grave au regard de notre pauvre France qui brûle de tout côté. Espérons que les cieux vont continuer à être favorables…et attendons.
Les paysans attendaient toujours avec impatience le fameux et bénéfique orage du 15 aout ! Mais même avec cela ce ne sera pas suffisant, ça fait trop longtemps.
Merci Françoise de nous commenter si brillamment ce qu’on pense tous de cette sécheresse. Constat désastreux, catastrophique en ce moment mais aussi à long terme pour tous les êtres vivants, la pelouse est inexistante, la marronnier a perdu ses feuilles, son tronc est lézardé et l’aubier fissuré, les tourterelles et les merles ont disparu. Sans cesse nous nous servons dans la nature, elle donne trop et dit stop. Elle reste maître à nous de le comprendre. Maintenant peut-être d’autres dégâts avec les orages… Terre-Mère c’est toi qui décides, nous devons te respecter et nous adapter.