existence soudain fragmentée

Ce te texte a été publié le 5 août 2016 sur le blog de Marie-Noëlle Bertrand dans le cadre des Vases Communicants.

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Nuit jour. Dedans dehors. Corps agissant, résonnant, travaillant, pleurant, communiquant, dormant, se taisant. Les murs sont des frontières entre le ciel illimité et la chambre où ils vivent. C’est la matière qui les guide. La matière du réel, du dehors et du dedans, de la nuit et du jour, du désir et de l’ombre. De l’univers dans tous ses états. Parfois ils se demandent de quoi il s’agit, là sur cette terre, dans ce monde tel qu’il s’est façonné autour d’eux. Ils savent éprouver joie, contrariété, terreur. Mais quand la matière se fige, ça fait des creux dans le temps. Juste après, les heures ne passent plus de la même manière. Les cœurs sont brisés. L’avenir anéanti.

Drames toujours.

Inscrits dans l’ocre du sable.

Ils apprennent le dernier en date par la télévision, par la Toile. Le lendemain au café ou sur le marché en faisant les courses. Un coup de folie entre nuit et jour. Haine et colère. Tout le monde en parle, parle de l’existence soudain fragmentée. Le dehors a fait irruption dans le dedans. L’architecture des bâtiments se moule autour du corps des hommes et des femmes qui pleurent devant le carnage  — personne n’aurait pu l’empêcher d’arriver. Brèches. Chambres noires. Froid et chaud. Certains voudraient s’en retourner dans les espaces du ventre d’où ils sont venus  ou d’un autre semblable, petites huttes en peau munies d’une porte pareille à une vulve — une forme qui s’oppose au rectiligne des rues, des écrans, des fenêtres. Qui s’oppose à la douleur. Pour s’y abriter. Jusqu’au soir. Mon amour. Je te tiens par la main. Il ne t’arrivera rien.

Photographie ©Marie-Noëlle Bertrand

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