#Sainte-Marie-sur-mer #1966
Le cinéma, c’était rare. Quelquefois le dimanche, des films tout public projetés dans la salle du patronage qui passaient longtemps après leur sortie mais ça n’avait pas d’importance. Le plancher descendait en pente douce vers une scène qui servait pour les représentations théâtrales. Au fond, le grand écran blanc. Appliques sur les côtés et fauteuils en bois recouverts de velours rouge. On regardait les nouvelles du monde, un ou deux courts métrages, enfin il me semble. Et puis l’entracte avant le grand film qui allait nous tenir en haleine sans doute, film d’aventure genre Docteur Jivago ou film de guerre. Je me souviens surtout de l’entracte. Dans une galerie latérale s’ouvrait le stand des confiseries réservées dans des boîtes rondes en métal. Je choisissais invariablement des sucettes au caramel. Je les adorais, les suçais tout en fixant l’écran où se mouvaient des personnages héroïques.
# Nantes #1970
Sorties en ville hors pensionnat. Espaces libres tant espérés après les contraintes de l’internat, sa vie stricte dénuée de joies. Je faisais partie d’une petite bande d’adolescents, des copains de plage d’été retrouvés en contexte urbain. Lycéens comme moi. On se retrouvait dans un café et ce jour-là on était allés au cinéma pour voir West Side Story. Le cinéma m’avait paru immense et ses fauteuils incroyablement confortables. À mes côtés un garçon à qui je plaisais, enfin je crois, il pratiquait le rugby. J’étais sauvage et très inexpérimentée. Je ne me souviens que des danseurs, de leurs claquements de doigts.
#Nantes #1971
C’est une ou deux fois par trimestre. Cinéclub pour les classes terminales. Il y avait des drôles de bruit au lancement de la bobine. Je me souviens de celui-là en particulier, il y avait une fille blonde très belle qui s’appelait Cléo. J’ai tout oublié de l’histoire, j’ai seulement conservé en mémoire la pureté du noir et blanc. Je m’aperçois aujourd’hui qu’il s’agissait d’un film d’Agnès Varda.
texte écrit par Françoise Renaud dans le cadre de l’atelier d’hiver 2017 proposé par François Bon
Vers un écrire-film / #02
Il était proposé d’écrire trois souvenirs de films, de cinémas…
Tu me donnes une sacrée envie de participer aux ateliers de François Bon. Ton texte est super équilibré. A bientôt Françoise et joyeuses fêtes. p.
Souvenir de salles aux fauteuils rouges… Oui, je crois que nous avons ça au fond de nos mémoires… Les actualités, l’entracte et un film qui enchantait notre quotidien, nos lendemains… Aujourd’hui, la télévision nous fait oublier la magie de ces séances qui nous emmenaient vers l’ailleurs. Merci de nous restituer cette magie. Bisous. Jacqueline.
Souvenirs de films en noir et blanc, de soirées enchantées ou nous allions entre filles profiter d’un instant de liberté – nous nous évadions le temps d’un film, et profitions des actualités, la télé n’existait pas. Je me rappelle de certains films que nous avons pu visionner deux fois dans la même journée, le cinéma était permanent… souvenirs, souvenirs… Annie
Merci Françoise. .. tu racontes à merveille cette époque qui évoque tant de souvenirs pour moi…..Et pour tant d’autres…avec toute la nostalgie qui en découle. ..
Je t embrasse…
Frse.
Je vois combien ce type de souvenirs se partagent… on a un peu les mêmes, la même époque, les mêmes circonstances. Et un peu de nostalgie nous envahit, c’est normal. Le cinéma, les salles obscures, des émotions nouvelles.
En fait pour cet atelier, il fallait écrire très vite, presque comme ça venait. Laisser les images surgir et prendre la place.
Merci pour vos riches échos.
sans être tout à fait de la même génération, cela a évoqué également des souvenirs chez moi.
La lumière de l’ouvreuse qui nous désignait les places libres avec sa torche électrique et l’entracte avec les chocolats glacés qu’on ne pouvait s’offrir. Déjà pouvoir aller au cinéma, c’était un exploit.
C’était du temps de « Roco et ses frères », je sais…ça date!