Le jour est beau, la lumière, un petit vent du Sud.
Les rideaux flottent par instant à travers les portes ouvertes.
Finit par arriver le moment où la lumière s’intensifie à basculer derrière le châtaignier, alors je sais qu’il est l’heure de visiter le lieu où poussent les légumes, très en retard cette année.
Et c’est comme un poème qui se regarde et se décrit avec le corps qui marche,
avec le corps qui regarde





et c’est comme un poème qui passe par la bouche,
s’empare de l’idée de pulpe et de la couleur
Outre les fruits à cueillir, il y a les plantes odorantes qui tracent comme des couronnes ou des lignes qui s’épanchent loin du pied et se courbent sous les pluies tourmentées, longues tiges et belles toisons devenues épaisses avant les températures froides, de toute façon chacune sa forme et son tempérament, les autres herbes se faufilant toujours par-dessous malgré mes précautions de jardinier et mon travail patient.
c’est comme un mouvement incessant des mains qui travaillent
en même temps elles aiment tellement ce qu’elles font, ce qu’elles touchent




Avant la fin du jour je profite des belles averses d’avant-hier pour gratter un peu la terre, froisser les feuilles, sentir encore le sauvage et les parfums, stigmates de grande lumière quand la chaleur forçait les cellules à se serrer les unes contre les autres.
Et j’adore les frotter en passant et les photographier,
un doux sillage à creuser
qui accompagne le bourdonnement faiblissant de la lumière






Photographies ©Françoise Renaud, septembre 2024
mais il est magnifique ton potager ! il met en appétit. et cette dernière photo, des dahlias… ils ont bordé un peu de mon enfance. merci à toi
oui, les dahlias ont aussi peuplé mes jardins d’enfance, raison pour laquelle je tiens à en avoir toujours quelque part dans leurs formes les plus anciennes et si étonnamment diverses…
I love it !!
Dans mon jardin, ce que j’aime froisser le plus, c’est la livèche – elle me propulse immédiatement dans le jardin de mon grand-père bien-aimé, il y a cinquante ans…
PS ah ! toi aussi tu as des crocosmias
Tu en arraches régulièrement pour qu’ils continuent à bien fleurir ? Et si oui, dans le tas ou sur les bords ?
Belles fleurs et beaux légumes servis par une maitresse de la pellicule et de la poésie réunies. La vie est belle!
En effet très beau potager et jardin…!! Ce résultat se mérite !!! je sais tous les soins qu´il faut prodiguer et l’expérience qui est cachée derrière tout ça. Il faut être passionnée…
Mais Florence parle de crocosmias… mais je n’en vois pas !!! J’adore ces fleurs
on en voit sur la photo 13, il ne reste plus que les hampes florales désormais privées de corolles… mais on les reconnaît bien quand même…
fleurs magnifiques et généreuses qui ont fait l’objet d’autres images il y a quelques semaines…
merci pour ta curiosité !
Voilà une grande joie de la vie qui est de profiter des dons de la nature, les essences, les couleurs, les formes. Assiette ou bouquet tout y est, belle récompense aux soins prodigués.
Merci Françoise
Un parcours délicieusement odorant
Se glisser dans chaque petit cornet de dalhia et trouver un peu ce que l’on cherche
les insectes savent bien se faufiler dans les membranes parfumées des fleurs… et on peut le faire aussi, à notre façon…
Bravo, ce potager est magnifique, travaillé avec amour mais aussi du courage. C’est certain qu’il incite à la rêverie, à la poésie que tu nous donnes si joliment.
De l’ordre, de la beauté, une poésie en mouvement, marcher, regarder, sentir, toucher, goûter et ordonner en rentrant pour nous donner à voir, à sentir, à imaginer, à se faufiler au-delà comme les herbes qui poussent toujours en dessous. J’adore « les plantes odorantes qui tracent comme des couronnes ou des lignes qui s’épanchent loin du pied et se courbent sous les pluies tourmentées », comme promesse de dessins et puis tout ce qui ne se laisse pas dompter, ordonner, qui pousse par en-dessous. Merci, Françoise. Tes présentations si rigoureuses dans la recherche esthétique. Admirative, toujours.
Tu sais combien j’apprécie toujours ta sensibilité au texte — évidemment tu les connais bien toi aussi, les mots — mais aussi à mes images. La photographie saisit des parts fugitives de réel et elle m’aide à fixer le regard et ensuite à mieux « décrire » et approcher « ce qui ne se laisse pas dompter »
Écrire, ce serait accorder, relier, coudre, rassembler et creuser, tout ça à la fois…
Magnifique ton jardin et tes fleurs, effectivement je sais que tu t’en occupes avec plaisir et passion. C’est génial de pouvoir voir toutes tes plantes et tes légumes qui sont si beaux. C’est cela qu’il me manque en face chez moi…
Continue à nous faire rêver par tes écrits et tes belles photos.
Bises ma Françoise ❤️
Quel beau texte pour accompagner ces photos du potager ! Plaisir des yeux et je sens même les plantes froissées ! Les dalhias me rappellent la haie multicolore devant la maison qui nous donnait de la joie à la rentrée des classes. J aime bien les bordures en bois retenant certaines herbes aromatiques. Bravo à la jardinière et ce potager est tellement bien décrit. Encore une fois bravo Françoise , merci pour ce partage et bons apéros et recettes parfumées !
En Cévennes, les bordures du potager étaient faites avec les pierres du torrent. Ici, c’est le bois de châtaignier qui s’impose, les arbres ne manquent pas dans le domaine et consentent à offrir un peu de leur matière pour limiter l’expansion des plantes aromatiques et des légumes…
La nature est toujours là pour nous servir et j’essaie de le faire au mieux…
contente de ta présence par ici, chère Marie Claire, ça fait du bien !
Tout a été dit…alors il me reste à oublier les mots pour REGARDER, SENTIR, ECOUTER et CARESSER la douceur des plantes d’un potager qui ressemble par tes soins à un Eden, Paradis des sens et d’une Nature qui explose en couleurs, odeurs, froissements et douceurs sous tes mains expertes… Et mon cœur explose comme celui de tes Dahlias et des souvenirs d’un jardin
de mon Enfance.
Le potager évoque pour moi celui de ma mère et me met en émoi, puisque lié à l’enfance. Bien sûr il ne dégageait pas autant de poésie que le tien, Françoise. Cependant il était fait avec passion et organisé un peu comme un jardin anglais.
Les tables de légumes étaient rectilignes, mais les fleurs étaient libres de s’épanouir où bon leur semblait. C’est ainsi que zinnias et marguerites cohabitaient joyeusement, que les buissons de potentilles côtoyaient les millepertuis tandis que dans le fond une haie de dahlias multicolores comme les tiens se dressaient fièrement.
Hélas de ce grand jardin
Il ne reste aujourd’hui qu’un petit lopin
que j’entretiens comme je le peux.
Nostalgie du potager
Nostalgie du passé ?