danse du présent

24 mars. Déjà la danse du présent avec la mystérieuse remontée des sèves : couvre-sols revenus du néant soudain refleuris (on ne s’en était pas rendu compte jusque là, c’est arrivé vite) / petites touffes entre les pierres / fleurettes à orner la salade et à manger / jaune ficaire et jaune narcisse / étranges boutons qui s’épanchent en rosace ou en bec de perroquet. L’intime brusquement surgi, visible, l’intime qui rejoint les corps fatigués de l’hiver et les rires des enfants qui courent dans les chemins, l’intime fait de cellules nouvelles rompant franchement avec la pierre qui structure les espaces habités : murs qui retiennent les traversiers / galets / gravats qui composent la route en chantier / tas de sable pour le chantier et tas de gravier aussi / soubassement de la maison / béton du parking. L’intime végétal presque chair au point qu’on en oublie le sable et le béton et le bruit du chantier, en tout cas proche de la chair, une chair saisie de couleurs délicates… beau beau, étonnant même si on a toujours vécu avec ce genre d’événement sur cette planète… applaudir, traquer les renflements sur les rameaux, les bosses, les fentes, et ça n’est que le commencement…

 

Photographies : Françoise Renaud, mars 2019