carnet d’installation | 16 janvier 2023
Il n’y a guère d’imprévu tout au long des journées en dehors de l’arrêt de la voiture des Postes pour déposer des lettres ou livrer un paquet, je la reconnais de loin à la couleur de sa carrosserie, je la guette. En général rien qu’une poignée de courriers acheminés depuis l’ancienne adresse, rien que de l’administratif. A vrai dire je n’attends rien de particulier, il y a eu assez de décès ces derniers temps et je perçois comme un suspens, un décrochage dans le déroulement habituel du temps. Je me dis que ça ne va pas durer, qu’une ère neuve vient de commencer, qu’elle me délivrera elle aussi son lot de surprises de malheurs et de joies. Tout de même j’oublie des cadeaux de fin d’année dont l’envoi a été retardé à cause du déménagement. Ils sont venus me ravir. Parmi eux, un roman Un chien à ma table envoyé par une camarade d’écriture attentive, un autre d’un auteur islandais Une fenêtre au sud posté depuis la Maurienne accompagné d’un recueil de portraits photographiques. Ces livres ont pris place tout près de moi, proposant à ma solitude leur présence neuve. Aussi deux tasses à thé ornées de larges fleurs rouges à la O’Keeffe. Ces objets me font penser aux personnes que j’aime.
Et puis une autre surprise aujourd’hui. Un paquet lourd qui rentrait tout juste dans la boîte. J’ai regardé l’expéditeur. J’ai compris qu’il s’agissait du coffret consacré à la peintre Richarme édité chez Deuxième époque, ouvrage qui a réclamé cinq années de travail. Je ne l’attendais pas. J’y ai écrit quelques articles et il me plaît de le voir enfin réalisé. Il pèse un sacré poids, il me faut le prendre à deux mains.
Aucun jour ne se ressemble. Cieux mouvants, inconstants, mais je reviendrai sur la description des ciels. Le garagiste m’a dit qu’il ne pleuvait pas assez, qu’il faudrait plus. Encore les stigmates du dernier été caniculaire. Le garagiste est du coin, il a sûrement raison.
Photographie Françoise Renaud© – 24 janvier 2023
Voilà le silence après l’excitation du déménagement. Cette solitude des grands espaces et l’attente d’un passage inopiné et vivifiant. Ce ressenti du bonheur du colis surprise, quelques mots avec le postier et la découverte de ces compagnons posés près de la tasse de thé… Tu as raison, Françoise, le Recueil de RICHARME est lourd, très lourd de savoir et d’ART et c’est un autre silence qui accompagnera sa découverte, celui de la concentration pour mieux admirer les couleurs « au delà du blanc » que tu aimes tant et que tu as su si bien nous faire aimer.
de l’importance des petites choses, l’arrêt de la postière, un paquet, une averse de neige…
et le blanc des neiges de Richarme aussi qui continue à compter…