carnet d’installation | 13 janvier 2023
ici c’est déjà un ailleurs quand bien même identique en langue au pays où je demeurais il y a encore trois semaines, quand bien même pas très éloigné en géographie, quand bien même composé de forêts aux essences plus ou moins semblables, du moins pour une part, et habité de ces mêmes animaux sauvages que l’homme préfère chasser plutôt que connaître | ici c’est déjà un ailleurs pour moi née en bord de mer et accoutumée aux rumeurs de marée, d’un jour à l’autre perdue au cœur de ces terres ténébreuses sillonnées de petites routes habiles à serpenter au long des champs et des étangs
moi qui ai bourlingué en bien des coins du monde, je n’avais jamais imaginé un tel voyage
moi qui ai toujours recherché l’ivresse du grand lointain, adoré fréquenter les paradis artificiels, pénétré le touffu des forêts tropicales et visité les volcans en rut
VOYAGES FASCINANTS QUI ONT LAISSÉ DES TRACES
ÉPICES MENDIANTS YEUX DES ENFANTS
et je ne sais pas ce qui se passe en faisant ainsi basculer les choses à cet endroit de ma vie, en découvrant dans ces prairies ces grosses bêtes à robe froment vif, celles-là dont je caressais la tête entre les cornes quand j’étais petite fille, j’ignore s’il s’agit d’un manque, d’un besoin, d’une blessure ancienne, d’un lien inexpliqué avec ce genre de lieux demeurés en arrière hors des villes, des lieux saisis d’odeurs qui interrogent l’enfance et nous poussent vers des rives mystérieuses, ce que je sais c’est qu’il est nécessaire de se confronter à ce qui se cache à l’intérieur et nous avait échappé jusque là, car c’est là que la fouille commence, et avec elle l’intérêt accru de traverser le temps de notre existence au-delà du manger marcher dormir, du vivre élémentaire, et je suppose que les jours qui vont suivre m’apprendront à voir mille détails qui vibrent à chaque seconde dans l’air dans l’herbe, les scintillements de la pierre, la laitance au ciel le matin, l’élégance des aigrettes blanches comme irréelles dans leur marche lente vers l’eau, les lichens incrustés dans les murs pareils à des écritures, les haies aux fruits desséchés, les taillis impénétrables
ici c’est déjà un ailleurs qui touche le corps dans ses parties fragiles et attise le désir de respirer autant que la cage du corps en est capable, de respirer l’humide sous les arbres et de photographier écorces et mousses comme des éléments inhérents au paysage
LUMIÈRE SPLENDIDE INONDANT LE DÉCOR
LE VERT DEVIENT MORDORÉ SOUS CETTE LUMIÈRE
UN CHIEN ABOIE DANS LE LOINTAIN
Quelle est belle cette description de ce que tu vis, ce que tu vois entends et respire chaque instant dans ce nouveau lieu qui est maintenant le tien. Continue à le découvrir à l’apprivoiser. Profite bien de ces moments. Et merci de nous faire partager ces moments magiques.
j’essaie d’ouvrir mes écoutilles autant qu’il m’est possible pour saisir tout ce qui arrive
et tu as raison, c’est une découverte, un lent apprivoisement
et j’essaie de retenir ce que je vois et ressens
merci Jo d’être présente sur cette page…
Entr’envie d’exprimer un ressenti par rapport à ce que tu écris et celle de te laisser tranquille à la découverte de ce qui affleure autour de toi dans l’esprit de l’hiver, le cœur balance.. Tu livres tes veines profondes en besoin du sang des lichens, sans savoir pourquoi tout cela.. Te voilà en nouvelles jachères à la recherche infatigable d’une réponse aux questions qui te taraudent depuis si longtemps. Mère nature a pouvoir de consolation, d’échanges ancrés profondément.. Elle peut aussi nous isoler des autres , absorbant chaque point de concentration qu’on lui accorde. Elle peut redonner à l’enfant sauvage une raison de se laisser charmer hors connexion humaine, ouvrant à des possibles que citadins et addicts à la technologie ne peuvent même plus imaginer…
Prends soin de toi. Je te sens fragile malgré l’enthousiasme..
il y a parfois des abîmes qui s’ouvrent entre différentes réalités coexistant en un même instant, ce qui nous donne à mesurer les innombrables possibilités d’exister
mais il y a toujours des points de rencontre, de pénétration, de consolation (un mot magnifique qui m’a inspiré il y a quelques années le roman « Petite musique des vivants »
je ne suis pas du genre à m’isoler, plutôt à accueillir, à aller vers… tant besoin des autres d’une façon ou d’une autre…
merci pour ta présence renouvelée…
chère amie, un long silence mais je pense toujours à toi. Je t’espère heureuse là où tu es maintenant dans ce nouveau paysage, dans cette nouvelle maison.
Que l’écrivaine que tu es en soit inspirée.
Je t’aime très fort et t’embrasse affectueusement
Chantal
je sais que tu veilles sur le paysage toi aussi…
On se rapproche du retour aux sources et à celles de la vie, ressenti comme un besoin de calme, de liberté, d’espace.
ton enthousiasme pour la nature n’y est pas étranger, il y aura encore des fleurs, des arbres, des couleurs pour illuminer les saisons et te permettre de faire de belles photos.
Le bonheur te va bien Françoise.
Des phrases retenues que j’ai envie de dire et dire encore:
« Le bonheur te va bien », « Prend soin de toi », « Je t’espère heureuse »…
Que tout cet amour et amitié t’entourent et te protègent comme un cocon de douceur pour te laisser le temps de recréer des liens et d’explorer cette nature à apprivoiser.
il s’agit juste de l’amour de vivre, tous sens en alerte comme une bête heureuse ou blessée… j’essaie de tirer parti de tout cela
mais les jours sont trop courtes !