en mon for intérieur – jour #2

situation idéale d’habiter à la campagne — pas à me plaindre —, juste apaiser la part d’anxiété pareille à un caillou (scrupulus, petite pierre pointue) coincé dans la gorge, l’inquiétude face à la vérité : celle qu’on se cache à nous-mêmes parce qu’on croit que ça n’arrive qu’aux autres et qu’on est éternel… cette même croyance qui me pousse ce matin à avancer, à réveiller ma curiosité et contempler la suite des saisons, les éclosions, les naissances — j’ai cette chance, j’ai un jardin —, à pousser mon œil au-dessus des fleurs indifférentes à notre situation d’humains confinés, contenus dans leur intérieur, confits dans leur jus — mince ! ça va durer combien de temps cette histoire ? —, déjà impatients et prêts à enfreindre la règle, à ne pas vouloir discerner le fauve caché là tout près dans les rochers

hier je courais, courais après le temps, me plaignais

aujourd’hui la période est propice à la méditation et surtout à la pensée des autres
je m’assois au bord du lit, près de la fenêtre, dans l’allée du jardin, j’appelle un ami ou ma mère qui vit seule, je lis, je regarde le ciel et mes fleurs tout en poursuivant le dialogue intérieur nécessaire à la transformation de mes insatisfactions stupides et de mes zones noires, là-dessus la tristesse à songer à ceux qui sont à bas, touchés, stoppés net

Photographies : Au jardin hier à 16h