recueil de nouvelles
collection Petites Proses, 2015 (Create Space)

 

J’étais en plein océan. Nous voguions.
Tout à coup le vent tomba.
Alors l’océan démasqua sa grandeur, son interminable solitude […]

in Lointain intérieur, Henri Michaux, 1963

 

1ère de couverture, LE MUSICIEN NOIR lire  LIRE LA PRESSE

 

Sont réunies dans ce recueil dix-sept nouvelles écrites entre 2008 et 2015, dont une moitié a été publiée dans différentes revues littéraires.

La nouvelle : un genre splendide entre roman et fragments — travail interne indispensable au romancier.
On y rencontre toutes sortes de personnages : musicien, globe-trotter, sprinteuse, vieux jardinier, mère de famille, vendeur de chaussures, fille délurée, maître-nageur. D’autres encore. Tous saisis en un endroit précis de leur parcours. Ce qui les rassemble : leur fragilité, leur quête obstinée le bonheur. Et l’écriture, précise et charnelle, raconte l’intime de leurs vies minuscules, révélant des étendues de silence insoupçonnées.
Si leur vérité nous touche, s’ils nous embarquent dans leurs rêves, c’est bien qu’ils nous ressemblent.

CONFIDENCE

Le texte court permet de travailler chaque jour et d’aboutir à quelque chose de visible alors que le roman réclame un gros investissement de temps.
Le texte court libère l’énergie créatrice du moment, réagit au présent.
Scènes, portraits, paysages.
Exercice de précision ? Discipline ? Pratique de plaisir ? Tout à la fois sans doute.

Sur table

Fragmet de « SUR LA ROUTE D’HÉRAT »

 

en route vers Téhéran

J’ai parfois l’impression d’avoir un peu de fièvre. Tout devient plus incertain à mesure que j’avance, mais plus d’obligations plus d’entraves. Je ne regrette rien des jours anciens. Les temps finiront par changer, en France et dans ma tête aussi, mais le plus important est que je ne rende plus de compte à personne.
Lentement j’oublie les lumières de la première ville d’Asie reflétées par les vagues noires du Pont-Euxin.

Je fais route à bord de bus militaires ou d’énormes camions bruyants. Certains viennent de Hambourg et rallient Téhéran, le grand bazar de l’Orient. Je fais comprendre aux conducteurs que je n’ai pas d’argent pour les dédommager de mon transport. Généralement ils s’en moquent, me laissent monter à leur bord, au fond je leur tiens compagnie. L’un d’eux originaire d’Alep m’a fait cadeau d’un chapeau en tissu bien pratique et d’un paquet de cigarettes.

Le plateau d’Anatolie est triste et pauvre. Des moutons, quelques villages. Autour, rien que le silence pareil à une eau calme et le jour qui gonfle le ciel immense.
La terre dégage une odeur chaude et épicée qui agit sur moi comme un puissant narcotique.
Erzurum, Tabriz.
Nous croisons des caravanes, traversons des villages de bergers. Ils ont les yeux vifs et d’un noir brillant qui ressemblent à ceux des rapaces. Leurs joues sont brûlées par le soleil.

[…]

4 mai

Mon père deviendrait fou s’il me voyait. Mes cheveux ont beaucoup poussé, ils se sont épaissis de crasse et de poussière.
Jamais d’ombre.
Pas croisé d’étrangers depuis longtemps.

Je n’ai plus de chez-moi.

 

Recueil toujours disponible
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