Je pense à cette rencontre depuis longtemps, je l’ai préparée avec soin. Tout est fin prêt. Je les attends…
JOUR 1.
Ils arrivent seuls ou par deux avec ou sans chapeau sous un ciel magique, avec le ruissellement de l’eau au fil du jardin. Le soleil est déjà fort, la vallée enlacée d’arbres. Ils portent des paniers de pique-nique, des sacs avec papiers lunettes crayons. Ils viennent vers moi, franchissent le portillon. On s’embrasse, une fois deux fois, parce qu’on ne l’a pas fait depuis longtemps. On sait qu’on va travailler « autour de nos histoires », mais d’abord on prend un café, on se retrouve et ça fait du bien de prendre du temps pour ça.
Place aux mots et aux images. On regarde une vidéo. On part en forêt avec un type qui dit qu’il aimerait bien rester avec nous mais il est déchiré, il dit qu’on l’attend là-bas, il veut rester et partir en même temps, il ne sait pas. Alors on essaie d’écrire l’histoire de ses hésitations, de son indécision, de sa solitude. Pour Den, les arbres de la forêt sombre où il s’est perdu, deviennent barreaux d’une prison.
On écrit trois fois : « C’est l’histoire d’un mec qui… » et ça résonne vraiment.
On développe, on sort des sentiers connus, on remplit les interstices, on lui invente une vie.
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Tous les moments sont prétextes à partage. Ce sont des jours où tout se fait ensemble
JOUR 2.
Ça démarre tôt sous le cerisier, et ça piaille avec les oiseaux. Thé café / brioche et pain grillé / beurre salé et confiture de mûres maison.
Il est prévu de visiter les jardins avant qu’il ne fasse trop brûlant. Odile, toute nouvelle, arrive juste à temps. La Rulade est une découverte, terre sinistrée par l’inondation de 2014 devenue jungle, acquise en novembre dernier et travaillée tout l’hiver.
Après ça, on revient dans notre présent d’écriture…
On explore les embryons d’histoires qu’on porte en nous, on en fait la liste comme une liste de courses : coup de fil imprévu, belle lumière, ombres sur un mur, conversation avec l’épicier, rencontre, rêve de la nuit précédente… Ensuite on détaille, raconte ce qui s’est passé ou pourrait se passer. La forme donne structure au répertoire qui devient texte.
Nos histoires naissent de pas grand-chose, de petits riens : reflet, belle lumière qui caresse le rideau, émotion furtive. Suffit de se glisser dans la fissure, d’explorer la ténèbre pour qu’elle délivre ses lumières. Parfois même on est ému et on pleure, ce sont des choses qui arrivent.
Et je les aime ces gens-là qui cherchent avec moi le passage pour mieux toucher la chair du réel et l’intensité de l’instant qui passe.
Photographies couleurs : Chris Barbier & Françoise Renaud, juin 2022 / Photographies N & B : Françoise Renaud
Je connais ces moments où tout devient possible. A St. Laurent, dans ce lieu magique j’ai eu la chance de partager l’inspiration insufflée par Françoise, magicienne des mots et du partage de l’amitié. Aujourd’hui en Savoie, nous attendons dans l’impatience notre atelier en dégustant ces magnifiques photos commentés…et les textes bien sûr. A bientôt pour une visite de la Rulade. avec vous tous. Jacqueline.
À Nice réside une typesse qui dit qu’elle aurait aimé être là parmi vous —c’était prévu de longue date— mais que diverses raisons l’en ont empêché, raisons objectives, raisons intérieures, un mélange peut-être. Là en vous voyant confortablement installés, pleins d’écritures, de mets et de boissons réconfortants, dans ce lieu magique autour d’une inspiratrice singulière, elle mesure tout ce qu’elle a laissé passer. À plus tard
c’est tout simplement magique et merveilleux ! magique oui pour que nous nous soyons tous rencontrés grâce à toi, et merveilleux pour le lieu, le partage, ces moments résonneront longtemps dans nos mémoires, bravo !
Très beau travail! Et, de plus, sonore et rapide! Allez, au prochain Atelier, au prochain mélange de nos « trouvailles » littéraires et à leur envol dans le ciel de St Laurent.
déjà dans le passé mais toujours présents, ces moments exceptionnels, riches en échanges, en amitié… inqualifiables…inqualifiables, vraiment!