Temps fournaise.
La nuit j’écris à l’envers de mon crâne – pas de répit – et je rêve de retourner ce crâne au matin telle une vulgaire chaussette pour en faire tomber des histoires bien ficelées.
Je me réveille. À nouveau les mots. Ils se bousculent. Je commence plusieurs romans à la fois, j’imagine écrire un texte tout simple pour vous dire ce début d’été, chaque élément posé, ajusté. Et puis fournaise, demi sommeil, fatigue, fièvre même. Tout s’enfuit. Ne reste que cette buée imprégnée d’odeurs de musc et de cèdre et de tout ce qui traîne de folie sous les toits pour occuper la paroi interne de mes yeux.
Elle ressemble à la buée qui se dépose dans la serre de mon père quand mûrissent certains fruits.
Je voudrais écrire, tant vous dire…
Aujourd’hui, seulement cette buée avant que ne tombe l’autre nuit, avant que ne germe l’essence d’un autre roman.
texte et photographie : FR ©
Giulia 31 juillet 2010
Chère Françoise Renaud,
je découvre votre existence en même temps que celle de votre blog, le mien aussi est jeune encore mais la comparaison s’arrête là… J’ai toujours rêvé d’écriture car j’aime les mots et ce que vous exprimez là si bien me ressemble un peu. Depuis que j’ai créé mon blog moins raffiné que le vôtre dans sa simplicité, mes nuits chaudes et agitées m’inspirent et je ne cesse d' »écrire » dans ma tête. Je ne me souviens pas de tout le lendemain mais cela fait son chemin. Ou alors je pense à de nouvelles idées, de nouveaux thèmes… Mais chez moi, il n’y a pas la moindre poésie, cela frise parfois le superficiel… N’importe, je m’amuse et me sens beaucoup mieux depuis, peut-être une sorte d’accouchement sans cesse renouvelé qui me donne de l’énergie au lieu de m’en ôter ?!! Dans quelque temps, j’intégrerai un atelier d’écriture comme il en fleurit beaucoup à Montpellier, il faudra que je trouve « le mien » ! Hélas, je ne crois pas avoir beaucoup d’imagination même s’il paraît que ce n’est pas un problème… Chez vous (je ne pourrai pas tout lire), j’ai envie de découvrir « Le regard du père ». A bientôt.. peut-être
françoise renaud 2 août 2010 — Auteur d'un article
La « toile » permet la rencontre et je trouve formidable que vous puissiez vous reconnaître à travers ces mots simplement posés là
merci donc pour avoir réagi…
L’écriture ne s’atteint pas sans effort… comme s’il fallait chercher toujours plus loin et plus haut ce qui nous compose afin de l’exprimer plus clairement… pour soi et pour les autres
donc il faut continuer, s’acharner jusqu’à saigner – de même les athlètes se battent avec leurs limites au quotidien pour briller un jour peut-être (ou bien jamais) sur une piste ou un sautoir !
à vous retrouver ci et là pour le partage
said Sayagh 7 août 2010
Chère F
Sans hésiter, j’ai pris « le regard du père ». J’y suis rentré comme on monte sur un bateau, avec désir et sourire d’expectation. Ça pourrait tanguer, le vent soufflerait en tempête, il y aurait des récifs, on tomberait sur des êtres fantastiques. On ne se met pas dans les pas du géniteur imprudemment.
Le rythme des phrases, les propos, les lieux décrits, les scènes évoquées, les personnages m’ont adopté sans effusion, doucement, avec précaution. Mon pas est resté ferme et, j’ai vu, j’ai entendu, j’ai même participé à quelques échanges lents, calmes, forts et émouvants.
Ça n’a pas tangué, mais cela m’a ébranlé. L’odeur qui se dégage de l’écharpe, prégnante m’a renvoyé à mon propre père. Elle est, comme le dit l’auteur « l’aune de l’absence ».Il y a aussi, le retrait en soi, la rage tue et le mot qui ne se dit pas.
Françoise, tu es bien sur terre comme sur mer.Tes mots patiemment, nous mènent là où il faut aller voir et entendre. Françoise tu te vois, tu te dis en disant ton père.
françoise Toursel 11 août 2010
chère Françoise,
Depuis ce texte, je vois la serre d’Edouard sous un tout autre jour, avec un tout autre regard…
J’attends ce qui va transpirer de cette fournaise…
Retourne bien la chaussette pour le bonheur de tes lecteurs fidèles et des autres qui vont le devenir…