Une histoire d’espaces partagés, de corps qui se touchent.
Une histoire de bras qui protègent.
Quel que soit le pays, la femme — mère ou grand-mère — déploie son attention tel un filet autour du petit. Sa douceur plane sur lui, ombre bienveillante, cendre d’amour. Toi le petit tu ne te rends compte de rien, tout ça te paraît bien normal. D’ailleurs tu marches à peine tout seul et tu tombes souvent à cause du tangage. Mais tu es sacrément entêté, ça se voit sur ta frimousse, tu te relèves, repars à la bataille, échappes aux bras le temps d’une folle exploration à travers la cour poussiéreuse où s’ébattent cochons noirs et volaille. De toute façon tu pourras y revenir sitôt qu’un danger s’annoncera ou que la fatigue viendra.
Ton visage : bouche butée, yeux froncés.
Tu te méfies drôlement de celui en train de te photographier et tu as bien raison. C’est un passant venu d’un autre monde, un voyageur qui chipe l’image des gens. Tu le sens, ça t’agace. Qui sait ce qui pourra bien te voler de ton esprit, de ton avenir ?
Ta grand-mère ne se méfie pas, toute à la joie d’exhiber l’enfant si gracieux. Elle tient ta main dans la sienne, la presse. Un geste élémentaire qui rend sa journée légère.
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Illustration : Carnet de voyage n°2, Élisa Fuksa-Anselme (impression numérique 18×24 sur Papier Hahnemühle Matt Fine Art 188 gr)
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COLOMAR Joëlle 16 mai 2012
Y aurait-il plus de perspicacité dans le regard de l’enfant ? Un étonnant contraste que ton écriture sait mettre en avant. Un texte qui me parle, tu t’en doutes ! Merci Françoise. Joëlle
Nyiri Pascal 16 mai 2012
Tu vas précisément vers l’avenir de l’esprit. Celui de l’enfant, celui de sa grand-mère, mais aussi celui du monde tout entier. Les mots sont là pour faire signe.
Et puis j’adore ce format court. C’est définitif comme un direct du droit.
Bien à toi, Françoise ; Pascal N.
françoise renaud 17 mai 2012 — Auteur d'un article
Ce format permet d’aller droit au but.
Il se doit de dire clair et net, et c’est là toute la difficulté de l’exercice.
Et je le pratique comme des sortes de gammes au quotidien…
Je me souviens d’un article de presse qui avait paru à propos de mon premier roman ‘L’enfant de ma mère’ il y a des années maintenant. Il s’intitulait : « Splendeur du court ».
Les romans de cette collection étaient généralement brefs et ne s’encombraient pas de fioritures.
Ainsi ai-je continué à fouiller dans cette direction qui me paraît propice au Web, à la rapidité de la moisson qu’impose la toile au lecteur.